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Histoires Web samedi, juillet 27
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L’AVIS DU « MONDE » – POURQUOI PAS

Toute chose touchant de près ou de loin à Roman Polanski, cinéaste de renommée mondiale, devient délicate à manier. Auteur d’un viol sur une adolescente en 1977, fuyant les Etats-Unis où le juge chargé de son affaire s’était dédit de sa propre décision après que le réalisateur eut purgé sa peine, il aura fini par être considéré, à commencer par sa victime, comme quitte des charges qui pesaient sur lui. D’autres accusations de violences sexuelles récemment portées contre lui, relatives à des faits pour la plupart anciens, l’auront élu depuis une dizaine d’années comme un symbole de la prédation sexuelle, au point qu’il lui est devenu aujourd’hui compliqué, en dépit du succès connu par son précédent film, J’accuse, en 2019, de poursuivre son activité.

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The Palace n’en a pas moins été produit en Italie par Luca Barbareschi, puis sélectionné à la Mostra de Venise en 2023. Mais aucun distributeur français ne s’est porté volontaire, à la fois sans doute parce que le film s’y est fait globalement éreinter et que le mouvement #metoo s’est, entre-temps, considérablement renforcé en France. Là-contre s’est étonnamment dressé Sébastien Tiveyrat, fondateur, en 2003, de la société Swashbuckler Films, consacrée au cinéma de répertoire, et distributeur, à ce titre, de plus de deux cents bijoux du patrimoine hollywoodien.

Effet de catalogue typologique

La raison pour laquelle il se lance dans la distribution d’un film contemporain tient, selon toute apparence, du pur principe auteuriste. Admirateur de Roman Polanski depuis toujours, scandalisé par l’idée que son film ne puisse être vu en France, il a acheté The Palace les yeux fermés et explicite au Monde sa décision en ces termes : « Je n’ai pas à me prononcer sur l’affaire Polanski. J’estime qu’il y a, aujourd’hui, une cabale en cours contre l’artiste. Un certain mélange d’hypocrisie et de discrimination. Nous ne sommes pas loin de Furie [1936], de [Fritz] Lang, ou de La Colline des potences [1959], de [Delmer] Daves. Le film est d’ailleurs sorti partout où il devait sortir dans le monde, sauf en France, où le réalisateur réside, et aux Etats-Unis, où il a résidé. Cherchez l’erreur… J’ai saisi cette magnifique occasion et, pour l’instant, 82 salles indépendantes, c’est-à-dire non soumises à la paranoïa ou à un quelconque diktat de quelques-uns, ont programmé le film en ne pensant qu’à deux choses : le cinéma et leurs spectateurs. »

Il n’est hélas pas certain que le cinéma sorte grandi de cette pochade, écrite par Roman Polanski avec son ami Jerzy Skolimowski, autre immense cinéaste de la Nouvelle Vague polonaise. Comme si ces deux vénérables créateurs (Polanski est nonagénaire, Skolimowski octogénaire) s’étaient réunis pour s’en payer une bonne tranche sur le tard, écrivant cette satire mondaine qu’ils ont probablement voulue dans l’esprit de Billy Wilder. On en est loin.

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