« Fais en sorte que chaque tir compte », glisse le barbu Joel à la jeune Ellie, en lui tendant pour la première fois un fusil. Dans le jeu vidéo postapocalyptique The Last of Us, sorti en 2013, ainsi que dans sa suite, il faut utiliser les balles avec parcimonie si l’on souhaite survivre à l’aventure. Mais il y a un autre élément moins évident auquel les Californiens du studio Naughty Dog ont un recours frugal : la musique.
L’espace sonore est principalement occupé par les bruitages : souffle court des personnages, gargouillements des zombis, bruits de porte ou des pas dans l’eau… « Il y a un travail très important sur l’acoustique et le mixage des sons. Cela renforce le réalisme et donne de l’impact à certaines actions… Par exemple tirer un coup de feu a beaucoup de puissance », analyse William Besserer, musicien et chercheur associé au département son, vidéo, multimédia de la Bibliothèque nationale de France.
Des percussions discrètes ou des nappes sonores soulignent régulièrement les moments de suspense. Mais les mélodies sont rares et fugaces. « Seuls les grands moments sont renforcés par de la musique derrière. Et, forcément, le fait de ne pas avoir de morceaux en continu au préalable décuple leur force émotionnelle », ajoute le chercheur. Dans le générique du premier jeu, par exemple, c’est la mort d’un enfant qui déclenche les premières notes du thème principal. Quant à la rencontre poétique avec une girafe au milieu des ruines, seules quelques notes de violon et de guitare viennent l’accompagner, et disparaissent au bout de trois minutes.
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