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ARTE – MARDI 4 JUIN À 20 H 55 – DOCUMENTAIRE

Chaque année, les Etats perdent 555 milliards d’euros d’« impôts légitimes » en ne taxant pas les bénéfices des 120 000 multinationales recensées (dont les GAFA), selon le Fonds monétaire international (FMI). Face à cette cagnotte virtuelle, la guerre de l’imposition mondiale – Tax War – entre juristes semble inégale. D’un côté, une centaine de milliers de juristes, comptables, experts financiers, sont payés des millions de dollars pour permettre aux multinationales de pratiquer l’optimisation ou l’évasion fiscale.

De l’autre, cinq femmes et neuf hommes, économistes, juristes, politiques issus des cinq continents, sont regroupés depuis 2017 au sein de la Commission indépendante pour la réforme de la fiscalité internationale (Icrict, son acronyme en anglais). Parmi eux : Eva Joly, ex-députée européenne ; Thomas Piketty, professeur à l’Ecole d’économie de Paris ; le Nobel d’économie Joseph Stiglitz ; l’économiste indienne Jayati Ghosh ; Gabriel Zucman, directeur de l’Observatoire de la fiscalité…

Contre toute attente, ces quatorze « Jedi » ont obtenu des avancées inespérées en une décennie. Très bien fait et accessible à tous, le documentaire de Hege Dehli et Xavier Harel revient sur leur combat en les suivant dans leurs déplacements. Utilisant le graphisme attrayant de Star Wars, la mise en scène intercale des schémas animés entre les entretiens et les reportages – en Europe, en Inde, aux Etats-Unis, en Zambie, au Chili.

Paradis fiscaux européens

Le film relate en parallèle l’histoire de la fiscalité mondiale depuis ses origines, offrant une mise en perspective passionnante. A ce titre, le rachat d’Alstom Energie par General Electric est exemplaire. Et le constat intemporel.

Cinq chapitres chronologiques marquent les soubresauts de la lutte pour une plus grande justice fiscale, depuis les conflits mondiaux, la crise des subprimes de 2008, et les scandales qui ont suivi (affaire Cahuzac, LuxLeaks). Le coup fatal va venir de la pandémie de Covid-19, qui retourne une partie de l’opinion, y compris chez les dirigeants conservateurs des pays développés comme Joe Biden ou Nicolas Sarkozy.

Le téléspectateur réalise alors à quel point l’Europe est impliquée. D’abord parce qu’elle abrite plusieurs paradis fiscaux (Luxembourg, Malte, Chypre, l’Irlande). Ensuite parce que c’est l’Union européenne (UE) qui a annulé la condamnation d’Apple à un rattrapage fiscal de 13 milliards de dollars. « Alors que le monde manque cruellement d’argent, les multinationales échappent à l’imposition », dénonce l’Icrict. La Commission propose donc une « taxation unitaire » des multinationales sur leurs bénéfices mondiaux, qui serait ensuite répartie entre les pays selon le chiffre d’affaires qu’elles y réalisent.

En attendant, ses quatorze membres ont remporté une première victoire. En 2021, 140 pays ont adopté un accord entré en vigueur dans l’UE au 1er janvier : les bénéfices des entreprises doivent être taxés à hauteur de 15 % minimum, quel que soit le lieu où elles déclarent leurs profits.

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Le chemin reste long. L’Icrict compte sur la prise de conscience et sur la mobilisation du public. « En fait [la non-imposition des multinationales] est une énorme arnaque à l’échelle planétaire. Si une majorité de gens le comprennent, cela va changer », assure Jayati Ghosh. Ce documentaire y contribue grandement.

Tax Wars, de Hege Dehli et Xavier Harel (Fr., Norv., 2024, 94 min). Sur Arte.tv jusqu’au 3 juillet.

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