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ARTE – SAMEDI 4 JANVIER À 22 HEURES – DOCUMENTAIRE

Un nez en forme d’embout d’aspirateur, un corps dodu de moins de 1 millimètre, d’où émergent huit pattes atrophiées : mini par sa taille, le tardigrade a pourtant de maxi-pouvoirs. Il peut en effet survivre à une température oscillant entre 1 °C au-dessus du zéro absolu (− 273,15 °C) et 150 °C ; il est capable de résister au manque d’eau, au manque d’air et à des radiations extrêmes.

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De quoi attiser la curiosité. Cela fait ainsi près de deux cents ans que ses aptitudes hors normes interpellent les scientifiques. Et une quinzaine d’années que les médias non spécialisés s’y intéressent. Aussi, pour rendre compte des dernières avancées connues sur celui que l’on surnomme « ourson d’eau » ou « porcelet des mousses », le réalisateur Raphaël Hitier (Les Aventuriers de l’ARN messager, Génération écrans, génération malade ?) a choisi, lui aussi, d’innover. Il mêle ainsi des images prises au microscope, d’une précision inédite, à des animations 3D dignes d’un animé – avec musique épique, bruitages coquins, immersions. Et c’est une vraie réussite de vulgarisation : ainsi conçu, son documentaire instruit sur le fond et réjouit sur la forme, grâce à une narration pleine d’humour et à la complicité active des scientifiques.

Parmi les plus impliqués, le professeur Thomas Boothby, de l’université du Wyoming, dont la vocation scientifique est née au primaire, lors d’un cours sur les tardigrades, et qui n’a de cesse, depuis, de les comprendre. Aussi est-il fier d’avoir contribué à l’envoi d’une colonie de tardigrades dans la Station spatiale internationale en 2021, au moment où Thomas Pesquet y séjournait – d’où les images rares d’une expérience menée par l’astronaute français.

Capables de se dessécher volontairement

Sans avoir encore tous les retours de cette expédition en apesanteur, « le secret de la résistance des tardigrades est enfin à portée d’éprouvette », déclare la narratrice. Et ce grâce aux recherches menées depuis une douzaine d’années par un programme international. Ce que nous pouvons dire sans divulgâcher : les scientifiques ont confirmé que les tardigrades sont capables de suspendre leur existence. Dans un environnement hostile, ils sont ainsi en mesure de se dessécher volontairement (ou cryptobiose) et de rester dans cet état, ni vivant ni mort – un nouveau terme est à trouver – pendant plusieurs heures ou… des décennies. C’est sous cette forme desséchée qu’ils se révèlent ultrarésistants – hors cryptobiose, les tardigrades vivent entre trois et trente mois. Le plus spectaculaire est évidemment de les voir revenir à la vie, dès que les conditions redeviennent favorables et qu’ils se réhydratent.

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Le premier écrit sur le tardigrade date de 1783. Rédigé par un moine, il est titré : « Des animaux qu’on peut tuer et ressusciter. » Aujourd’hui, les chercheurs internationaux que le réalisateur a rencontrés ne parlent plus de résurrection mais ont en commun une passion dévorante pour l’animal. Le professeur italien Roberto Guidetti, de l’université de Modène, lui a ainsi consacré sa vie et nous montre comment les débusquer en forêt. En laboratoire, la biologiste allemande Jana Bingemer a, quant à elle, réalisé le premier enregistrement de leur accouplement et révélé leurs « préliminaires extravagants » : dès sa mise en ligne, la « sextape » animalière a fait le buzz.

Tardigrade, l’animal indestructible, de Raphaël Hitier (Fr., 2024, 52 min). Sur Arte.tv jusqu’au 3 mars.

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