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Histoires Web samedi, février 15
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Amare a envoyé 210 candidatures pour une demande de stage non rémunéré, sans obtenir une seule réponse. Brahim a changé d’identité, se faisant appeler Baptiste, et a reçu des réponses à ses demandes de stage restées jusque-là infructueuses. Yasmine a obtenu un entretien, mais s’est vue raccompagnée vers la sortie lorsque le recruteur a constaté qu’elle portait un voile. Sindi a été destinataire d’un e-mail qu’elle n’aurait pas dû recevoir, où il était écrit que son CV, bien que « remarquable », ne passerait pas dans l’étude, car elle est « noire ». Abdoulaye est parti faire son stage à l’étranger avec un peu de rancune à l’endroit du pays dans lequel il a fait tout son droit. Abdel est resté le seul de son master 2 sans stage durant des mois. On aimerait croire à une coïncidence, mais il est aussi le seul de son master à avoir un nom et un prénom à consonance maghrébine.

Combien d’études, de travaux, de livres ont démontré qu’avoir un prénom à consonance étrangère, maghrébine ou africaine réduisait considérablement les chances d’avoir une réponse aux demandes d’entretien ?

Combien de lois, depuis celle du 1er juillet 1972, sont venues donner corps à « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion » proclamée par l’article premier de la Constitution ?

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Tant de témoignages, tant de lois votées, mais si peu de condamnations pour des faits de discrimination, visée à l’article 225-1 du code pénal : moins de cinq en 2022, six en 2021 et aucune en 2020. Et on s’attend à ce que les chiffres pour les années 2023 et 2024 se comptent à peine sur les doigts d’une main.

Honte et fatalisme

Pourquoi cet écart avec ce que nous percevons au quotidien ?

D’abord, parce que ces discriminations sont invisibles. Invisibles judiciairement, mais également dans le débat public. Tout le monde dispose d’une anecdote sur le sujet, d’un exemple flagrant de discrimination, notamment à l’embauche, vécu par un proche. Mais tout le monde l’accepte, ou du moins le tait, comme si c’était une fatalité à laquelle il fallait collectivement adhérer.

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