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Histoires Web mardi, juillet 2
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La constellation de la Couronne boréale, de taille modeste, se reconnaît à la forme caractéristique de demi-cercle dont elle tire son nom – pensez à la couronne de laurier attribuée aux vainqueurs des Jeux olympiques antiques. On la repère assez aisément dans le ciel, quelque part entre les deux étoiles brillantes que sont Véga et Arcturus.

Admettons-le, la Couronne boréale n’est pas le plus connu des astérismes. Cependant, une de ses étoiles va faire l’objet de l’attention de nombreux astronomes amateurs et professionnels, car, dans les semaines ou les mois qui viennent, elle sera le théâtre d’une explosion spectaculaire. Actuellement invisible à l’œil nu, T Coronae Borealis (c’est son nom savant, dont l’abréviation est T CrB) va, durant quelques jours, soudain luire au firmament, comme si une nouvelle étoile était née – le phénomène est d’ailleurs désigné par le terme latin de « nova ». T CrB brillera peut-être aussi fort que l’étoile Polaire. Le plus beau de l’histoire, c’est que cette apparition spectaculaire a déjà été observée plusieurs fois par le passé. En effet, contrairement à certains astres qui ne donnent qu’un seul feu d’artifice, T de la Couronne boréale est une carabine à répétition.

Le secret de cette Winchester tient dans sa composition : comme l’explique Florentin Millour, astrophysicien à l’Observatoire de la Côte d’Azur, « c’est un couple d’étoiles qui orbitent l’une autour de l’autre, mais qui ne sont pas au même stade de leur évolution. L’une est une naine blanche, une étoile morte dont il ne reste plus que le cœur. L’autre est une géante rouge – c’est le stade d’évolution juste avant la mort – et elle a encore un peu de carburant ».

Une boule de feu gigantesque

Le duo s’avère assez rapproché pour que la naine blanche arrache un peu de la chair de sa voisine. Cette matière, essentiellement de l’hydrogène, finit par se déposer à sa surface. « Elle s’accumule, et, au bout d’un certain temps, la quantité d’hydrogène est suffisante pour qu’une explosion thermonucléaire s’amorce, éjectant dans l’espace une boule de feu gigantesque qui crée la nova », conclut Florentin Millour.

L’explosion ne détruit ni la naine blanche ni sa voisine, et le processus peut recommencer, d’où le nom de « nova récurrente » attribué à des systèmes tels que T CrB. Ce dernier s’allume toutes les huit décennies. La science moderne a observé deux des novae qu’il a produites, en 1866 et en 1946. Dans un article publié en 2023, l’astronome américain Bradley Schaefer a retrouvé et analysé deux autres occurences dans d’anciens documents : l’une en 1787 dans un catalogue d’étoiles et l’autre en 1217 dans une chronique médiévale.

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