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Histoires Web mercredi, mars 19
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La petite Hongrie, où le premier ministre, Viktor Orban, mène, depuis quinze ans, l’expérience pionnière de « démocratie illibérale », a inspiré l’équipe du candidat Donald Trump pendant la campagne présidentielle de 2024, selon certains experts. Si tel était le cas, l’élève a largement dépassé le maître. En matière de démantèlement du modèle démocratique, la seconde présidence Trump, ouverte il y a seulement deux mois, a déjà fait plus vite et mieux que les modèles hongrois et polonais, tout en s’attaquant aux mêmes piliers : système judiciaire, médias et universités.

La méthode, comparable à la tactique guerrière du « tapis de bombes », est spectaculaire. Elle laisse groggy l’opposition démocrate, encore hésitante sur la riposte. Mais, surtout, elle vise à atteindre le plus de cibles possible, et le plus profondément possible, dès le début. Instruite par l’expérience du premier mandat (2017-2021), pendant lequel elle n’a pas pu opérer les changements voulus de manière irréversible, l’administration Trump veut aller vite.

Cette accélération rappelle les expériences hongroise et polonaise : ayant échoué lors de son premier mandat (1998-2002), Viktor Orban a affiné son programme pendant son passage dans l’opposition, pour revenir mieux organisé en 2010. Le parti Droit et justice (PiS) polonais s’était, lui, heurté à ce qu’il appelait l’« impossibilisme juridique » de l’Etat de droit de 2005 à 2007. Revenu au pouvoir en 2015, il s’est méthodiquement attaqué aux fondements du système pour surmonter cette « impossibilisme ».

Tout démolir

L’explication fournie à cette accélération par Christopher Rufo, l’un des intellectuels conservateurs qui nourrissent la base idéologique du trumpisme, dans un récent podcast du New York Times, est à cet égard éclairante : au journaliste qui lui demande pourquoi vouloir démanteler le département de l’éducation alors qu’il suffirait d’en supprimer les programmes les plus controversés tout en conservant ceux qui sont populaires et considérés comme utiles, Rufo répond que, si l’on garde une partie du personnel, il se contente de faire le dos rond en attendant les prochaines élections : « On a un système qui ne rend de comptes à personne. Et quand la culture et la bureaucratie de ce système sont captives, ça donne le statu quo de la première administration Trump, avec un département de l’éducation radicalement gauchiste, qui ne subventionne que des causes radicalement gauchistes. » La solution est donc de tout démolir, afin de changer pour de bon, et la culture et l’appareil lui-même.

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