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Dix mille euros pour l’incendie d’un blindé sur le sol européen, la même somme pour l’assassinat d’un « fasciste » (au sens d’un « ennemi de la Russie ») dans les pays baltes : une enquête d’un consortium de médias, dont la ZDF, Paper Trails et l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), montre que des recruteurs cherchant à organiser des opérations de sabotage en Europe étaient très présents dans plusieurs canaux Telegram populaires en Russie.

Les journalistes du consortium ont contacté, sous couverture, un compte intitulé Privet (« salut »), qui faisait activement sa publicité sur la messagerie, notamment dans un important canal proche du groupe paramilitaire Wagner, baptisé « Grey Zone ». « Vous avez probablement entendu parler de ce qui se passe en Roumanie », y expliquait l’un de ses messages. « En raison de circonstances accidentelles, une station de gaz liquéfié qui exporte en Ukraine a pris feu près de Siret. (…) Au même moment, un dépôt d’armes ukrainiennes à Slobozia a aussi pris feu », écrivait ironiquement le même compte, avant d’inciter les personnes intéressées à le contacter directement.

Après avoir envoyé un message à Privet, un journaliste du consortium, se présentant comme un jeune Estonien russophone cherchant à gagner de l’argent rapidement, s’est vu demander de fabriquer un cocktail Molotov et de se filmer l’utilisant dans un endroit désert. Le recruteur lui a également demandé de réfléchir à des cibles, de préférence liées à l’OTAN (stations radar, dépôts de carburants, véhicules militaires…), évoquant des paiements pouvant aller jusqu’à 10 000 euros pour la destruction de cibles importantes ou le meurtre d’ennemis de la Russie.

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Série de sabotages présumés en Europe

De multiples enquêtes sont en cours en Europe concernant des sabotages présumés commis au bénéficie de la Russie ces derniers mois. En Allemagne, où des incendies suspects ont touché des bâtiments industriels et où des voies ferrées ont été dégradées, deux hommes ont été arrêtés. Ils sont soupçonnés d’avoir préparé des attentats contre plusieurs sites, dont une base militaire américaine. En Pologne, plusieurs personnes ont été arrêtées l’an dernier pour un projet d’attaque visant des trains transportant des munitions pour l’Ukraine.

En France, un Russo-Ukrainien qui avait combattu pour les séparatistes prorusses du Donbass a été interpellé au début du moins de juin dans une chambre d’hôtel à Roissy, après l’explosion accidentelle d’explosifs artisanaux qu’il préparait. Les enquêteurs français estiment qu’il faisait partie d’une opération plus large ; selon les premiers éléments de l’enquête, il était en contact avec un donneur d’ordre sur la plate-forme Telegram.

Même si le réseau social a fait montre ces derniers temps de son intention de collaborer davantage avec les autorités des différents pays, il n’a pas répondu aux sollicitations du consortium dans ce cas précis. Après avoir reçu leurs questions, l’application a toutefois bloqué en Europe les canaux identifiés par les journalistes, dont Grey Zone.

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Le Monde

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