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Histoires Web jeudi, novembre 14
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Le taureau et le manchot. Ce duo d’animaux aux antipodes pourrait bien faire copain-copain dans un prochain spectacle en forme de « causerie » de l’écrivain et performeur David Wahl. Mardi 22 octobre, le premier est floqué sur la veste rouge criard – « parfaite pour qu’on me repère à vélo » – portée par l’artiste. Le second se dandine en symbole bienveillant de la compagnie fondée en 2013 par celui qui déclare direct : « C’est ma rencontre avec un manchot qui a décidé de mon engagement pour l’environnement. »

Envie d’en savoir davantage ? Sur scène comme dans la vie, David Wahl, pour qui « le propre de l’homme est de raconter des histoires », a déjà enclenché sa vitesse de croisière supersonique. Et zou, nous voilà en 2013. Jeune auteur, Wahl profite d’une résidence d’écriture à Océanopolis, centre national de culture scientifique consacré à l’océan, basé à Brest, dont il est désormais artiste associé. « Personne ne savait trop quoi me donner à faire, se souvient-il. Je me suis retrouvé avec un seau en métal plein de maquereaux à donner à manger aux manchots. Et soudain, j’ai senti une présence. C’était un manchot royal qui me faisait un câlin. J’ai été bouleversé. » Il apprend ensuite que l’animal s’appelle Dominique et « se prend pour un homme ».

Depuis ce « hug » inoubliable, David Wahl a beaucoup conversé et écrit à propos de « cet oiseau qui ne vole plus mais nage ». En vedette dans son récit La Visite curieuse et secrète, il le cite dans sa causerie Histoire spirituelle de la danse, en tournée depuis 2015, et à l’affiche jusqu’au 24 novembre, au Théâtre de la Tempête (Paris 12e). Parallèlement, Wahl performe aussi le fantastique Nos cœurs en terre, en duo avec le plasticien Olivier de Sagazan, dans la mise en scène de Gaëlle Hausermann. « Nous avons discuté sur les mythes fondateurs », glisse Wahl, qui croit à une « parenté secrète entre les fossiles et nous ». Cette conviction est partagée par de Sagazan qui travaille au corps « la question du vivant dans l’inerte » tout en métamorphosant son complice en superbe idole agricole d’argile et de fleurs. « Je le fais terre », résume-t-il joliment.

« Partager mon étonnement »

Enseveli sous 50 kilogrammes de matière organique, Wahl trouve néanmoins encore le moyen de se faire entendre. « J’aime bien être enterré à condition de ne pas étouffer, confie-t-il. Je suis dans un état second comme en autohypnose. Je ne vois plus, on ne me voit plus, je ne respire quasiment pas sous l’argile, mais je garde le contact avec Olivier et je parle toujours. » Rien d’étonnant de la part de Wahl, qui a naturellement la fable à fleur de bouche et un seul moteur : « émerveiller » son auditoire. « Je ne suis ni un conférencier ni un vulgarisateur, insiste-t-il. Je ne réponds qu’à des commandes pour découvrir des choses auxquelles je ne m’attends pas. »

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