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« Aujourd’hui maman est morte », annonce d’une voix grave Abba Ali Abakura, 57 ans, chef du canton de Kiskra, sur les rives du lac Tchad, vaste étendue marécageuse où se rejoignent les frontières camerounaise, nigérienne, nigériane et tchadienne. Le voile blanc du deuil accentue son port altier malgré la honte qui l’envahit. « La famille ne viendra pas présenter ses condoléances car je n’ai rien à offrir à manger, explique-t-il en traçant des arabesques dans le sable. C’est le comble du déshonneur dans notre culture. »

Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés Boko Haram, menace persistante sur les rives du lac Tchad

Kiskra était pourtant prospère avant que la secte islamiste Boko Haram n’impose son règne de terreur, anéantissant l’économie – essentiellement basée sur la pêche et l’agriculture – de la province tchadienne du Lac, région délaissée dont la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Fondé au début des années 2000 au Nigeria voisin, Boko Haram avait commencé par prôner un retour aux fondamentaux de l’islam, tout en dénonçant la corruption des élites et l’abandon de l’Etat. Progressivement, le groupe s’est radicalisé, défrayant la chronique par des attentats suicides, des rapts, des viols et des attaques meurtrières contre les civils et les armées régulières. Les opérations militaires menées par les Etats riverains du lac Tchad l’ont considérablement affaibli, sans toutefois parvenir à l’éradiquer.

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