Le monde du travail est-il une scène de théâtre comme les autres ? « Bas les masques », peut-on lire en légende du compte Instagram Galansire. Dans ses courtes vidéos au format vertical, le créateur de contenu aux 340 000 abonnés incarne aussi bien Charles-Edouard, l’odieux consultant senior qui « prend le lead » (la tête de la réunion) en visioconférence, que Gaspard, le junior en questionnement existentiel ou Clément, le stagiaire famélique exploité.
« C’est le moment d’être assertif, on peut espérer faire fructifier les K€ de manière exponentielle, attention à ton bodylanguage [langage corporel] », appuie Charles-Edouard entre deux commentaires de « slides », airpods dans les oreilles. Comme toute la galerie de personnages, il existe par le biais d’un filtre virtuel déformant le visage. Chez Publivas, entreprise fictive hybride entre le cabinet de conseil et l’agence de publicité, tout est question de rapports de pouvoir.
« Il y a vraiment un aspect thérapeutique à détourner ce monde du travail, très théâtral et cynique, avec son lot d’absurdité », soutient Galansire. L’ancien cadre de 37 ans, père de trois enfants, vit aujourd’hui de ses vidéos et de la vente de mugs « assertifs » et préfère garder l’anonymat. A l’été 2024, quand il commence à inventer des salariés de Publivas, la visibilité de son compte explose, et la novlangue utilisée par les consultants de Galansire est presque devenue une référence parmi les jeunes cadres abonnés à son compte.
Des comptes suivis par une majorité d’hommes
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