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En octobre 2022, Elon Musk racheta Twitter [devenu par la suite X] avec l’ambition d’y voir régner la liberté d’expression la plus large, dans le respect de la loi. « The bird is freed », « l’oiseau est libéré », disait-il. Là est bien le défi propre à la liberté d’expression : la défendre absolument, car elle est en son principe aussi illimitée que la liberté de conscience, mais aussi justifier l’interdiction de certains types de propos, qui, bien qu’ils se réclament de la liberté de parler, contribuent en fait à rendre l’échange impossible. Comme toutes les libertés qui ont des effets sur autrui, la liberté d’expression a des limites.

Les propos passibles de poursuites sont, pour ce qui a trait à la France, mentionnés dans le corpus des lois sur la presse. Ce sont, parmi d’autres : l’injure, aggravée pour motifs raciaux ou sexistes, la provocation à la haine, les fausses nouvelles et les publicités mensongères. Aux Etats-Unis, en revanche, le premier amendement de la Constitution dispose que « le Congrès n’adoptera aucune loi (…) pour limiter la liberté d’expression ». Des propos qui menaceraient directement autrui, créeraient un tort manifeste ou pourraient provoquer un danger majeur sont jugés, en l’absence de loi, dans le cadre d’une jurisprudence, avec des appréciations différentes des nôtres : les propos racistes, qui sont chez nous des délits, tendent ainsi à être considérés outre-Atlantique comme des formes de contribution au débat public, du moins tant qu’ils sont l’expression d’opinions, en aucun cas s’ils incitent ouvertement à la discrimination.

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La liberté d’expression est un défi difficile à relever dans le monde de la parole publique et des médias, elle l’est encore davantage dans le cas d’un réseau social où l’internaute poste ce qu’il veut, sans vérification des responsables du réseau, à la différence de ce qui se passe dans un journal ou même sur une plateforme comme Spotify. La seule obligation qui s’impose aux réseaux sociaux, à la mesure de l’influence qu’ils exercent puisqu’ils sont devenus des médias de masse, est de prendre des dispositions pour être rapidement alertés de la présence de contenus litigieux et les effacer aussitôt. Le règlement européen Digital Services Act (adopté en 2022 par l’Union européenne) les contraint aussi à rendre public le détail de ces dispositions, tandis que la section 230 du Communications Decency Act américain de 1996 indique que, bien qu’ils ne soient pas responsables des contenus publiés, ils seraient tout de même à l’abri de poursuites s’ils effaçaient rapidement des messages jugés nocifs.

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