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Histoires Web jeudi, octobre 24
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« Mon père a commencé comme magasinier avant de devenir responsable d’entrepôt. Ma mère a sacrifié sa carrière pour se consacrer à notre éducation. Mes trois sœurs et moi, nous avons été élevées avec le travail pour valeur centrale. Après ma licence d’économie, j’ai réussi à entrer dans une école d’ingénieurs en statistiques, entourée de gens qui sortaient de classes préparatoires en mathématiques. Je me suis battue, j’ai fini par les rattraper.

A 26 ans, j’étais ingénieure dans un cabinet de conseil spécialisé en analyse de données. On m’a envoyée seule en mission dans une grande entreprise industrielle. J’avais pour interlocuteur un ingénieur normalien et centralien condescendant qui m’a mise sous pression. Comme je m’étais battue pour en arriver là, j’ai continué le combat. Pendant le confinement, je travaillais jusqu’à 22 heures, 23 heures, minuit. Et j’ai rempli ma mission. Dans mon cabinet de conseil, je leur ai dit que j’étais fatiguée, mais j’étais passée ingénieure senior, il fallait rentabiliser ma hausse de salaire, alors on m’a fixé un nouvel objectif extrêmement ambitieux. Retour dans l’essoreuse à salade…

Même la nuit, je pensais travail. Je voyais des lignes de code et des slides. Je ne récupérais plus, je pleurais, j’étais irritable. Dans mon cerveau, il y avait comme un bruit blanc sans fin. Jusqu’au jour où j’ai eu rendez-vous avec le médecin du travail. Je n’ai pas prononcé plus de deux mots avant de fondre en larmes. Il m’a donné des médicaments pour dormir et m’a arrêtée une semaine, puis deux, et finalement un trimestre entier. J’ai perdu tous mes repères. Je me sentais nulle, honteuse, je ne m’autorisais pas à sortir, gênée de faire mes courses à 10 h 30 du matin… J’ai même appelé ma mère pour m’excuser d’être en échec.

Un pense-bête

Ensuite ? J’ai commencé une thérapie, je me suis mise à la céramique, j’ai changé d’employeur, je suis partie une semaine à Venise avec mon compagnon, nous avons déménagé, puis lancé le projet bébé : dans ma tête, le boulot ne prenait plus toute la place… Cette étape de ma vie, il fallait que je la fixe par un tatouage. J’ai repéré sur Instagram le travail en finesse de Marlène Le Cidre. On a commencé par discuter longuement. C’était libérateur de formuler ce que je voulais, pourquoi, d’évoquer mon burn-out, ma thérapie, la reconstruction. Elle aussi a parlé de la sienne : son salon est installé dans le Bataclan, elle a protégé des gens le soir de l’attentat… Elle m’a parfaitement comprise.

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