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Histoires Web jeudi, octobre 17
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C’est une série de publications croisées sur Facebook : un garçon et sa grand-mère, fichu immaculé sur la tête, regardent droit dans l’objectif ; devant eux, des gâteaux trônent sur la toile cirée. Quelques posts plus loin, c’est une mamie supercentenaire qui présente sa dernière réalisation au crochet, ou encore une jolie bergère en tenue de camouflage qui regrette, depuis son pré, « qu’[elle] n’obtiendra jamais autant de “J’aime” que Lady Gaga ». Tous quémandent des « félicitations » et « évaluations » pour leur travail. Ils en reçoivent en cascade de la part des internautes dont un grand nombre ignore – ou feint d’ignorer – que ces personnes n’existent pas : chacune de ces photos a été générée par intelligence artificielle (IA). Pourtant, certains clichés ne font pas l’ombre d’un doute : mains tricoteuses à six doigts, seniors semblant sortis d’une production animée, jeunes femmes aux proportions physiques quasi inhumaines, etc.

Depuis cet été, ce type de publications se multiplie en ligne et notamment sur le réseau social de Meta, au sein de pages spécialisées dans le « piège à clics ». Baptisées boomers traps (« pièges à babyboomers »), elles « jouent sur la crédulité et l’émotion, cherchent à toucher la corde sensible » des internautes, confirme Nolwenn, fondatrice et administratrice du compte Instagram humoristique @avec_mon_comm_de_boomer. Depuis 2020, celle-ci épingle « de manière bon enfant » les commentaires qu’elle juge les plus navrants parmi ceux postés, sur le réseau social, par ses utilisateurs âgés.

« Ils accusent souvent les plus jeunes de ne pas être prudents en ligne mais eux-mêmes n’ont pas forcément le réflexe de vérifier ou de zoomer sur les photos quand ils ont un doute », constate-t-elle. Et si la naïveté n’est pas l’apanage des aînés, ces pages, en surfant « sur la nostalgie, le fait que “c’était mieux avant” », ne visent clairement pas à attirer les plus jeunes. « Dans ma veille je croise beaucoup de fausses photos anciennes, de montages comparant de faux couples à leur mariage puis cinquante ans après, ou encore beaucoup de fausses images de fêtes d’anniversaires ou de travaux manuels », énumère l’administratrice, qui écume les pages Facebook de citations, proverbes et autres éphémérides pour alimenter, non sans humour, son compte.

Sites remplis de publicités

Ces espaces partageant pourtant du contenu de piètre qualité amassent parfois plusieurs dizaines de milliers, voire plusieurs centaines de milliers d’abonnés. Leurs créateurs administrent aussi des groupes de discussion pouvant rassembler plus d’un million d’inscrits.

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