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Histoires Web mercredi, octobre 23
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DISNEY+ – À LA DEMANDE – SÉRIE

Si les enfants d’aujourd’hui étaient autorisés à voir, et en mesure de comprendre, Les enfants sont rois, ils pourraient faire valoir leur droit de retrait. Ils feraient sécession et s’établiraient sur une île déserte. La société qu’imaginait William Golding (1911-1993) dans Sa Majesté des mouches (Gallimard, 1956) n’est pas plus désespérante ni moins menaçante pour eux que celle que dépeint cette série.

Lire la critique du roman (en 2021) : Article réservé à nos abonnés « Les enfants sont rois », de Delphine de Vigan, ou quand une mère influenceuse met en scène sa famille sur YouTube

L’enlèvement d’une petite fille de 6 ans, Kimmy Diore, influenceuse sous influence maternelle, enfant sandwich pour des marques de jouets, de bonbons et de vêtements, permet d’égrener la litanie des maux sans cesse plus nombreux qui touchent les petits de l’espèce humaine, sans cesse moins nombreux.

Ce réquisitoire prend la forme d’une enquête policière, qui recourt à ce trope cher à la fiction française, qui veut que les membres des forces de l’ordre souffrent dans leur âme et leur chair pour garantir la paix publique et le châtiment des méchants. Ce repli sur des positions préparées à l’avance limite sérieusement la vigueur et la portée de la série.

Sous la marque Happy Récré, Kimmy Diore (Vittoria Andreoli) rassemble des centaines de milliers d’agneaux de Panurge sur la Toile. Bien sûr, la petite fille n’y est pour rien, c’est sa mère, Mélanie (Doria Tillier), qui écrit les épisodes, négocie les contrats avec les marques pendant que son père, Bruno (Sébastien Pouderoux), a abandonné son emploi pour s’occuper de l’intendance. La famille, que complète un grand frère à qui l’on a fait comprendre qu’il n’était pas télégénique, vit dans un ensemble cossu, où elle occupe deux appartements identiques, l’un pour la fiction, l’autre pour la vie.

Galerie de monstres

Un jour d’été, les caméras de surveillance du parking de la résidence enregistrent l’enlèvement de Kimmy, que l’on voit monter de son plein gré dans une voiture inconnue. Sara (Géraldine Nakache), la policière chargée de l’enquête, collectionne les suspects au gré des épisodes. Un troll, un pédophile, un père de famille qui voudrait que ses garçons deviennent influenceurs suprêmes à la place de la petite fille, se succèdent jusqu’au dévoilement du vrai coupable.

Le tragique de la situation (il est loin le temps – 1959 – où Henri Verneuil et Fernandel faisaient, dans Le Grand Chef, d’un kidnapping la matière d’une grosse comédie) empêche le recours à la satire sociale. Le couple que forment Doria Tillier, mère monstrueuse, et Sébastien Pouderoux, père déficient, s’accommode bien de cette dimension du récit, les acteurs trouvent l’espace nécessaire pour imaginer la perversité qui règne à l’intérieur de cette cellule familiale. La galerie des autres monstres, elle, reste schématique. Il le faut bien.

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