La première fois que j’ai compris que j’avais une addiction au sexe, c’était en septembre 2023, j’avais 21 ans. Je venais consulter ma généraliste au service de santé étudiant parce que j’avais entendu parler de la PrEP [la pilule préventive « antisida »] et que je commençais à avoir des rapports sexuels très réguliers avec des hommes, et pas toujours protégés.
D’abord, elle m’a fait une ordonnance pour un dépistage : je me suis retrouvé positif à plusieurs IST [infections sexuellement transmissibles] et ça m’a beaucoup travaillé. Je me suis rendu compte que cela n’arrivait pas qu’aux autres, que j’avais échappé au pire. Je me suis mis à penser davantage au côté médical des rapports, avec tous les risques en tête.
Ensuite, la médecin m’a orienté vers une infirmière qui était anciennement rattachée au pôle addictologie de l’hôpital. Au départ, on discutait seulement de mon rapport à la sexualité, et puis elle a trouvé que certains éléments ressemblaient à une forme d’addiction : mes pertes de contrôle, notamment, et le fait que cela impactait le reste de ma vie.
Par exemple, si mon cerveau se mettait en tête qu’il avait envie de rencontrer quelqu’un tel ou tel jour, ça pouvait durer des heures tant que je n’avais pas trouvé. Je pouvais sortir au milieu de la nuit, à 4 heures du matin, tout seul. Moi-même je me rendais compte que ce n’était pas normal. Evidemment, le lendemain j’étais crevé. Et ça prenait beaucoup de temps sur d’autres choses que je n’arrivais plus à faire : mon esprit était obnubilé par ça et je négligeais tout le reste.
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