Un an et demi après le suicide de Nicolas, victime de harcèlement scolaire, en septembre 2023, à Poissy, l’ex-rectrice de Versailles, Charline Avenel, ne recevra « aucune sanction disciplinaire », selon un courrier de Matignon que l’Agence France-Presse (AFP) a pu consulter. Cette décision intervient à l’issue d’une enquête menée par l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (Igesr), précise ce courrier en date du 2 octobre 2024 révélé par Le Parisien et signé par la secrétaire générale du gouvernement, Claire Landais.
Le ministre de l’éducation nationale d’alors, Gabriel Attal, avait pourtant souhaité en novembre 2023 « que l’engagement d’une procédure disciplinaire à l’endroit de [l’ancienne] rectrice puisse être examiné ». « Ce n’est pas possible qu’il n’y ait pas de sanction au niveau administratif, cela montre que l’administration n’est pas capable de se réguler et de protéger les enfants », a réagi auprès de l’AFP Béatrice Le Blay, la mère de l’adolescent.
Le 5 septembre 2023, elle avait découvert le corps de son fils de 15 ans, pendu, à leur domicile. L’adolescent s’était plaint dès les premiers mois de l’année scolaire de harcèlement dans sa classe au lycée et ses parents avaient alerté l’équipe pédagogique. Mais devant l’absence de réponse de l’établissement, ils avaient envoyé un courrier au proviseur. Le rectorat avait réagi par courrier en mai 2023, jugeant leur attitude « inacceptable » et évoquant les risques pénaux d’une dénonciation inexacte.
« Le problème c’est qu’à date on a zéro sanction »
La mission d’inspection sur le suicide de Nicolas a enquêté sur les conditions dans lesquelles avait été envoyé ce courrier qualifié de « honte » par Gabriel Attal. Elle avait conclu que « ce courrier, en ces termes, n’aurait jamais dû être adressé à cette famille, dans cette situation », selon le ministère à cette époque, qui n’avait pas rendu public le rapport de cette mission.
Charline Avenel, rectrice de l’académie de Versailles d’octobre 2018 à juillet 2023, employée aujourd’hui par le ministère de l’économie et des finances, avait « appris avec stupéfaction que le ministre de l’éducation entendait engager des poursuites disciplinaires à son encontre, alors même que le rapport d’inspection ne retiendrait aucune faute ni manquement la concernant », avait réagi son avocat à l’époque, Sébastien Schapira, dans un communiqué transmis à l’AFP. Contactée, Mme Avenel n’a pas souhaité commenter ce courrier.
« Le problème, ce n’est pas de savoir si c’est la rectrice ou pas la rectrice, le problème c’est qu’à date on a zéro sanction », a réagi Jean-Baptiste Soufron, qui défend Béatrice Le Blay. Sa cliente avait déposé une plainte avec constitution de partie civile contre X en septembre pour homicide volontaire et harcèlement moral, notamment, selon l’avocat. Cette procédure, qui entraîne quasi systématiquement la saisie d’un juge d’instruction, vise à ce qu’« une enquête indépendante [soit menée] et [fasse] la vérité sur ce qui s’est passé », précise le conseil.