L’idéologue américain d’extrême droite Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump à la Maison Blanche, a plaidé coupable, mardi 11 février, à New York dans une affaire de détournement de fonds pour la construction du mur antimigrants séparant les Etats-Unis et le Mexique. Il a été condamné à trois ans de liberté conditionnelle.
Présent au tribunal, Steve Bannon a plaidé coupable de fraude à l’égard de donateurs privés, tandis que plusieurs chefs d’inculpation ont été abandonnés par les procureurs de Manhattan. Lorsque la juge lui a demandé s’il reconnaissait s’être engagé en 2019 dans un « stratagème » ayant pour but « d’escroquer plus de dix personnes et d’obtenir des fonds à travers des promesses fausses et frauduleuses », il a répondu par l’affirmative. Dès sa sortie du tribunal, il a accusé la procureure générale de l’Etat de New York, l’élue démocrate Letitia James, de représenter « une menace existentielle pour l’administration Trump » et sa politique.
Il avait été inculpé en septembre 2022 dans cette affaire de fraude financière pour un montant de 15 millions de dollars (14,5 millions d’euros), accusé de blanchiment et détournement de fonds. Il avait, à l’époque, plaidé non coupable et dénoncé des « poursuites bidon ».
Grâce présidentielle
L’affaire porte sur un site Internet, « We Build the Wall » (« nous construisons le mur »), lancé en 2019 et dont la justice américaine considère que Steve Bannon était l’architecte, pour lever des fonds auprès de particuliers afin de financer la construction d’un mur antimigrants à la frontière sud des Etats-Unis. Ce mur était une promesse de longue date de Donald Trump. Alors que le site promettait qu’« aucun centime » n’irait dans les poches de ses promoteurs, le fondateur de « We Build the Wall », Brian Kolfage, avait en fait touché des centaines de milliers de dollars de compensation, avec l’aide de Steve Bannon, d’après l’acte d’inculpation. « M. Bannon a menti aux donateurs pour s’enrichir, lui et ses amis », avait déclaré le procureur de Manhattan, Alvin Bragg, lors de l’inculpation en 2022.
Vétéran de l’armée américaine, Brian Kolfage a été poursuivi et condamné à de la prison ferme par la justice fédérale américaine. Steve Bannon, 71 ans, avait été inculpé par la justice fédérale dans cette affaire, mais Donald Trump l’avait gracié juste avant de quitter la Maison Blanche en 2021. Ce pouvoir de grâce ne pouvait pas s’appliquer à des poursuites au sein de l’Etat de New York.
Figure influente de l’extrême droite aux Etats-Unis, l’ancien conseiller de Donald Trump avait été l’un des porte-voix des accusations jamais prouvées sur de prétendues triches lors de l’élection présidentielle de 2020 pour faire gagner Joe Biden, des théories toujours en vogue chez une partie des conservateurs américains. Il avait été condamné en octobre 2022 à quatre mois d’emprisonnement pour son refus de coopérer à l’enquête parlementaire sur l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 par des partisans de Donald Trump. Il a purgé cette peine en prison et a été libéré fin octobre 2024, en pleine campagne présidentielle. Depuis, il a repris les commandes de son podcast, très écouté dans les milieux ultraconservateurs, « War Room », où il s’est présenté comme un « prisonnier politique » et avait appelé ses auditeurs à voter en masse pour Donald Trump à la présidentielle du 5 novembre 2024.