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Histoires Web dimanche, juillet 7
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Historien des idées et spécialiste des droites radicales, auteur notamment de L’Ecologie politique. Une vision du monde réactionnaire ? (Cerf, 2012) et des Vert-bruns. L’écologie de l’extrême droite française (Le Bord de l’eau, 2022), Stéphane François analyse la teneur idéologique des propositions du Rassemblement national (RN) en matière d’écologie.

Sur la question des enjeux environnementaux, le projet du RN propose surtout de « refuser l’écologie punitive » que Bruxelles pratiquerait. Pourquoi cette faiblesse de discours sur un tel sujet ?

Si ce thème est porté par une partie des Français, il n’est pas considéré comme important par une autre, plus sensible à la question du pouvoir d’achat. Pour une part non négligeable des électeurs, la vie quotidienne devient difficile dès le 10 du mois. Les préoccupations écologiques passent au deuxième, voire au troisième plan. Par démagogie, mais aussi par désintérêt pour cette question, le RN s’est adapté à cet électorat.

En effet, cette formation politique n’a jamais développé de mesures écologiques. Jusqu’en 2017, ce sujet était absent des programmes présidentiels. Il n’est apparu qu’en 2022, et encore. Celui de 2022 insistait plus sur le nationalisme et le souverainisme que sur l’écologie, y compris dans le point qui lui était consacré, comme le montre la brochure intitulée M l’écologie, où l’on peut découvrir le programme du RN sur cette problématique. De fait, ses propositions restent toujours très limitées. Son programme actuel a pour slogan : « Pour l’écologie de la joie de vivre des Français en France ». Mais en quoi l’écologie participe-t-elle au bonheur d’être français ? Il s’agit là en fait d’une confusion entre écologisme et simple préservation patrimoniale de l’environnement.

Le RN avance l’idée d’une « écologie positive », en l’opposant à une « écologie punitive », c’est-à-dire contraignante, et notamment au Green Deal, « imposé » par l’Union européenne, jugé contre-productif et fustigé par Jordan Bardella lors des dernières élections européennes. Mais cette « écologie positive » n’est jamais définie précisément.

Le sujet embarrasse-t-il le RN ?

En aucune façon, bien au contraire. On peut même dire que ce parti ne s’embarrasse pas de ces questions. Pourquoi le RN chercherait-il à développer un discours écologique, même vague, sachant qu’une majorité de ses électeurs considère les écolos avec mépris ? L’an passé, lors de son débat avec le journaliste écologiste Hugo Clément, le 13 avril 2023, Bardella a ouvertement, et vertement, critiqué les écologistes. De fait, son électorat aurait plutôt tendance à considérer les écologistes comme des « casse-pieds » peu sensibles à la condition économique et sociale des ruraux, comme le prix du fioul de chauffage ou celui du diesel, sans parler de la multiplication des éoliennes qui font baisser le prix des habitations… Se présentant, en bon démagogue, plus que populiste d’ailleurs, comme la voix des « sans-voix », de la « majorité silencieuse », le RN ne va pas braquer son possible électorat.

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