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Histoires Web lundi, mai 5
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La cour d’appel de Paris a condamné, lundi 5 mai, le militant de la Brigade antinégrophobie Franco Lollia, qui avait tagué la statue de Jean-Baptiste Colbert devant l’Assemblée nationale en 2020, à une amende de 500 euros avec sursis. En première instance, en juin 2021, il avait été condamné à une amende du même montant, mais ferme, et à payer 1 040 euros à l’Assemblée nationale pour le préjudice matériel. Il avait fait appel de cette condamnation.

« C’est une mascarade de justice », a réagi le militant guadeloupéen après le rendu de la décision. Son avocat, Guy Florentin, a annoncé un pourvoi en cassation « dans les jours qui viennent ». « Si la décision n’est pas favorable, on va saisir la Cour européenne des droits de l’homme », a-t-il ajouté.

Le 23 juin 2020, devant le Palais-Bourbon, le Guadeloupéen de 49 ans avait tagué « Négrophobie d’Etat » en rouge sur le socle de la statue de Colbert, ministre de Louis XIV et initiateur du Code noir qui a légiféré sur l’esclavage dans les colonies françaises. Il avait ensuite jeté de la peinture rouge sur la statue.

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« La République ne déboulonnera pas de statue »

Le militant antiraciste avait été aussitôt interpellé. « Ce qui est interdit, c’est le racisme. Cet homme-là [Colbert] fait l’apologie de la négrophobie », avait-il dit aux forces de l’ordre, dans une scène filmée et mise en ligne sur les réseaux sociaux par la Brigade antinégrophobie, collectif de lutte contre le racisme fondé en 2005.

Dans le sillage des manifestations antiracistes dans le monde à la suite de la mort de George Floyd aux Etats-Unis, les monuments et statues liés à l’histoire coloniale française ou à la traite négrière s’étaient retrouvés au centre d’une polémique mémorielle. Le piédestal de la statue du général Faidherbe, en plein centre de Lille, avait été couvert des mots « colon » et « assassin » inscrits en rouge, au lendemain d’une manifestation visant à réclamer son retrait de l’espace public, en juin 2020. Un buste de Charles de Gaulle avait été vandalisé à Hautmont (Nord) avec le mot « esclavagiste » écrit à la peinture rouge, comme le rapportait à l’époque le président du conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, sur X.

Emmanuel Macron avait alors déclaré, lors d’une allocution, qu’il serait « intraitable face au racisme, à l’antisémitisme et aux discriminations », mais que « ce combat noble est dévoyé lorsqu’il se transforme en communautarisme, en réécriture haineuse ou fausse du passé ». « La République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire. La République ne déboulonnera pas de statue. Nous devons plutôt lucidement regarder ensemble toute notre histoire, toutes nos mémoires », avait-il conclu.

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Le Monde avec AFP

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