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La banderole a été déployée pendant la montée des marches, mardi 14 mai, alors que la 77e édition du Festival de Cannes allait s’ouvrir, sous l’égide de la maîtresse de cérémonie, Camille Cottin. « Sous les écrans, la dèche » : le slogan résume la précarisation des collaborateurs de festivals de cinéma, catégorie floue qui englobe le personnel chargé de l’accueil, de la billetterie, mais aussi les attachés de presse, les programmateurs, les régisseurs, les projectionnistes, etc. Une liste à la Philippe Katerine dans son tube Louxor J’adore« les conseillères d’orientation, les chirurgiens, les mécaniciens, les chômeurs ». Vont-ils couper le son ?

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Un membre du collectif résume la situation, sous le couvert de l’anonymat. « On veut montrer qu’on existe. Cela fait un an que l’on se mobilise. La semaine dernière, nous avons été reçus au ministère de la culture. On nous a dit : “On verra après Cannes”, eh bien non ! Nos métiers se sont précarisés, aujourd’hui la majorité d’entre nous gagne moins d’un smic par mois. La grève n’est pas encore lancée, mais tout dépendra de la réponse ministérielle. »

Toute l’année, les collaborateurs de festivals de cinéma enchaînent des contrats à durée déterminée. Aujourd’hui, ils demandent à être intégrés dans l’annexe 8 des techniciens du spectacle, plus protectrice, annexe dont ils ont été écartés après la réforme de 2003. De même que pour les saisonniers, leurs conditions se sont dégradées du fait de la réforme de l’assurance-chômage de 2019 entrée en vigueur fin 2021, en raison de la pandémie de Covid-19.

Métiers invisibilisés

« Le calcul des indemnités ne se fait plus sur les seules périodes travaillées, mais englobe les périodes chômées, ce qui réduit les revenus », souligne Denis Gravouil, ex-secrétaire général de la Fédération CGT du spectacle, désormais membre du bureau confédéral de la CGT. Il observe, par ailleurs, que les collaborateurs de festivals, dans le spectacle vivant, bénéficient de l’annexe 8, du fait de leur rattachement à une convention collective du secteur.

Lire le portrait : Article réservé à nos abonnés A la CGT, Denis Gravouil, un chef opérateur en pleine lumière

« Rachida Dati est attendue à Cannes, samedi. On espère qu’elle aura des annonces dans sa besace », poursuit Denis Gravouil. Il y a urgence, dit-il, car le premier ministre, Gabriel Attal, va bientôt annoncer de nouvelles règles, plus restrictives, d’indemnisation des demandeurs d’emploi.

La mobilisation a le mérite de lever le voile sur des métiers invisibilisés. « Les collaborateurs de festivals de cinéma sont éparpillés entre cinq conventions collectives, avec des niveaux de salaires différents, et un certain nombre de festivals n’en applique aucune », souligne Laure Tarnaud, secrétaire générale du Cinéma du réel, à Paris, qui, par ailleurs, siège au conseil d’administration de Carrefour des festivals, une association qui fédère une soixantaine de manifestations (Cinelatino à Toulouse, Entrevues à Belfort, Côté court à Pantin…). Le travail de structuration du secteur est lancé.

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