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FRANCE 2 – MARDI 21 JANVIER À 21 H 10 – SOIRÉE SPÉCIALE

« Je suis la fille de la victime et du bourreau. » C’est ainsi que se présente Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot – droguée par son mari pendant dix ans et livrée, inconsciente, à des dizaines de violeurs – et de Dominique Pelicot, condamné à vingt ans de réclusion à l’issue du « procès de Mazan », le 19 décembre 2024. Son récit sert de trame au documentaire diffusé en ouverture de la soirée spéciale consacrée à la soumission chimique, sur France 2.

Pour Caroline Darian, tout commence le 2 novembre 2020, jour où sa mère lui apprend ce qu’elle a subi. Son père a été arrêté, presque par hasard, dans un magasin en train de filmer avec son téléphone sous les jupes de clientes. La perquisition à son domicile a ensuite permis à la police de saisir l’ordinateur de Dominique Pelicot et de découvrir l’inimaginable : les vidéos de sa mère violée. « C’est abject. (…) Vous ne tenez pas dix minutes à regarder », commente Caroline Darian.

C’est l’un des nombreux points intéressants soulevés par ce film, qui comporte, par ailleurs, certaines longueurs : ses parents constituaient aux yeux de tous un couple modèle. « L’affaire de Mazan (…), c’est un arbre qui cache une forêt. Caroline Darian l’a tout de suite deviné. Moi, il m’a fallu enquêter longuement pour comprendre que son intuition était la bonne », explique Linda Bendali, coautrice et réalisatrice.

Détails sordides

Pour élargir le propos à la soumission chimique, méconnue, six autres victimes témoignent ici à visage découvert. En commençant par Zoé, une généraliste, qui n’a aucun souvenir de la nuit où elle a été droguée et violée, à 15 ans ; puis Céline, professeure de danse de 46 ans, violée à 28 ans. « L’amnésie est un gouffre », affirme-t-elle.

Image extraite du documentaire « Soumission chimique : pour que la honte change de camp », de Linda Bendali.

D’autres ont « vécu » leur viol de façon passive. Comme Léa, 22 ans, violée à 19 ans par deux militaires, et Rénald, fleuriste de 48 ans, qui s’est senti tellement perdu après avoir été violé à 17 ans qu’il a tenté de se suicider. D’autres encore réclament justice. Katia, 53 ans, ne comprend ainsi toujours pas que le jeune banquier qui l’a agressée soit acquitté. Et si Lilwenn, 16 ans et violée à 13 ans, a obtenu réparation, la soumission chimique n’a pas été validée, ce qui met en lumière la difficulté de prouver que les somnifères retrouvés dans l’organisme n’ont pas été ingérés volontairement. Le film souhaite contribuer à ce que la soumission chimique soit mieux détectée, mieux mieux étudiée, pour être mieux jugée.

Parallèlement, Caroline Darian dénonce l’impunité des vecteurs, comme le site Internet Coco.fr (créé en 2003 et fermé en avril 2024) ou le blog de son père, sur lequel il publiait ses annonces telles que : « Je cherche complice pervers pour abuser de ma femme endormie en tournante à deux chez moi » (extrait du dossier judiciaire).

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Certains détails sont sordides – le film est déconseillé aux moins de 10 ans –, d’autres laissent sans voix, comme cet extrait d’audition : « C’est sa femme. Il fait ce qu’il veut avec sa femme », dira l’un des 50 coaccusés jugés. Le 19 décembre, ils ont été condamnés à des peines de trois à quinze ans de réclusion, inférieures à celles requises. Dix-sept ont fait appel. Un deuxième procès est prévu fin 2025.

Soumission chimique : pour que la honte change de camp, documentaire de Linda Bendali (Fr., 2025, 90 min). Suivi d’un débat animé par Carole Gaessler (60 min) et de Viol, défi de justice, de Marie Bonhommet (Fr., 2023, 70 min).

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