L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
C’est une courte parenthèse, comme un miracle, qu’a su capter la documentariste Hind Meddeb dans Soudan, souviens-toi. De jeunes visages rayonnent à l’écran, dans les rues de Khartoum, capitale de cet Etat situé en Afrique du Nord-Est. La dictature d’Omar Al-Bachir vient de tomber, le 11 avril 2019, au terme de près de trente ans de règne et d’imposition d’un régime islamiste, dans ce pays multireligieux. De multiples couches de la société civile semblent se retrouver, réclamant l’instauration d’un gouvernement citoyen. Ils campent sur place et ne bougeront pas, disent-ils. Entre eux, ils s’appellent les « révolutionnaires de nuit ».
Une jeune femme déclame un slam, sous son voile satiné, irisé par les lumières nocturnes ; des hommes créent un rythme lancinant en tapant avec des pierres sur la structure métallique des rails. Plus que des slogans, les manifestants reprennent les paroles de poètes des années 1960, Mahjoub Sharif, Muhammad Al-Fayturi, Hommeid, etc., ceux-là mêmes qui rêvaient déjà d’une autre société, alors que l’indépendance du pays, en 1956, avait débouché sur une guerre civile, un coup d’Etat, puis une insurrection populaire en 1964.
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