Les deux tiers des Soudanais vivant dans les zones de guerre sont privés de soins médicaux en raison de la mise hors service de la majorité des établissements de santé, a averti, jeudi 10 avril, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). « Nous estimons que 70 à 80 % des établissements de santé dans les zones touchées par le conflit ne sont plus opérationnels, privant ainsi deux civils sur trois d’accès aux soins », a déclaré le CIRC dans un rapport.
Les établissements qui fonctionnent encore souffrent de pénuries sévères de médicaments, d’équipement et de personnel. En conséquence, « les mères accouchent sans assistance professionnelle, les enfants ne reçoivent pas les vaccins nécessaires et les personnes atteintes de maladies graves sont laissées sans traitement », ajoute le rapport.
La guerre, qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts, a éclaté le 15 avril 2023 entre le général Abdel Fattah Al-Bourhane, le chef de l’armée, et son ancien adjoint, Mohammed Hamdan Daglo, chef des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). L’armée contrôle le nord et l’est du Soudan, tandis que les FSR dominent une partie du sud et la quasi-totalité de la vaste région du Darfour (ouest).
« Le système de santé soudanais, déjà fragile avant le début du conflit, est en train de s’effondrer et des vies sont en jeu », souligne le CICR. Les établissements de santé sont régulièrement victimes de « pillages » et d’« actes de vandalisme », tandis que le personnel médical et les patients subissent des « violences physiques ». Face à cette situation, les civils sont contraints de « parcourir de longues distances à la recherche de soins », ajoute le rapport. « La communauté internationale ne peut pas abandonner le Soudan à son sort. Des millions de vies et la stabilité de toute la région sont en jeu », a souligné Daniel O’Malley, le chef de la délégation du CICR au Soudan.
Le CICR cite la ville d’El-Fasher, la capitale de l’Etat du Darfour du Nord, comme un « exemple frappant » de l’impact du conflit sur les services de santé. En janvier, une attaque contre l’Hôpital saoudien y avait fait 70 morts, selon des sources médicales. Cet hôpital est l’un des derniers encore opérationnels à El-Fasher, une ville d’environ 2 millions d’habitants assiégée depuis mai 2024 par les paramilitaires.