Ce qu’elle écoute en travaillant donne un aperçu de l’éventail de ses inspirations. « J’alterne entre France Culture et du rap hardcore », énonce-t-elle. Après quinze ans à orchestrer la communication visuelle, en tant que directrice artistique puis de création, de grandes maisons de mode, Sophie Toporkoff a décidé d’enfiler une salopette Stan Ray et des gants de chantier pour se livrer à un savoir-faire millénaire : le vitrail.
Depuis septembre 2024, elle officie dans un atelier lumineux de 35 mètres carrés ouvert sur la rue, dans le 9e arrondissement, à Paris. Ce matin-là, sur le grand établi qu’elle a conçu elle-même, elle s’attelle à finaliser deux ouvrages. Composé de deux grands panneaux, le premier est destiné à agrémenter la fenêtre d’un appartement haussmannien donnant sur une cour intérieure. « J’adore cette fonction décorative du vitrail, qui permet de masquer une vue et de créer une intimité », commente-t-elle en appliquant une pâte noire à décor sur chaque baguette de plomb profilée en forme de H, dans lesquelles viennent s’encastrer les pièces de verre.
Pour ce couple de particuliers, elle a imaginé une composition géométrique aux accents modernistes, associant du verre cathédrale – à la surface légèrement martelée – semi-translucide et rouge flamboyant à de fines bandes rectangulaires de verre soufflé bleu ciel et outremer, venant scander l’ensemble comme une rythmique.
Le second, plus fantaisiste, réinterprète le motif d’une portée musicale pour un projet hôtelier, supervisé par le studio Claves, dans la maison d’un ancien compositeur d’opérette. Stylisation pop d’entrelacs cisterciens, bestiaire graphique et géométrique, vision florale néomédiévale… c’est ainsi que Sophie Toporkoff définit la diversité de ses créations. « J’essaie de renouveler le champ visuel à chaque projet, explique-t-elle, et de me plonger dans des références que je connais peu. Pendant ma formation, j’ai découvert le vocabulaire médiéval, en réalisant notamment des copies de rondels, des médaillons représentant une allégorie ou une scène biblique, très prisés par l’aristocratie au XIVe siècle. »
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