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Le vintage fait vendre. Il fallait voir, dimanche 29 septembre, les files d’attente remplies de jeunes gens plein d’envie devant le magasin éphémère du 3e arrondissement de Paris où Adidas avait mis en rayon des vieux joggings à trois bandes des années 1970 ou 1980. Cette passion n’a pas échappé à Sony, qui a acquis le catalogue musical des Pink Floyd, connus pour les hits intemporels comme « Money » (1973) ou encore « Another Brick in the Wall » (1979).
La transaction s’est conclue pour environ 400 millions de dollars (361 millions d’euros), a révélé le 1er octobre le Financial Times, qui iront dans la poche de Roger Waters, David Gilmour, Nick Mason ainsi que dans celle des héritiers de Rick Wright (1943-2018). Cette transaction donne à la maison de disques les droits d’enregistrement, mais aussi les droits à l’image – pour un futur biopic ? – du groupe britannique.
Sony raffole des vieux rockeurs. La major a déjà mis la main en 2024 sur certains droits de Queen pour 1 milliard de dollars, des tubes qui s’ajoutent dans sa besace à ceux de Bruce Springsteen ou Bob Dylan. La firme a les moyens. En juillet, elle s’est garanti auprès du fonds d’investissement Apollo un soutien en capital de 700 millions de dollars pour financer ses investissements dans l’industrie musicale.
Echec d’une première tentative
Evidemment, cela ne manque pas d’une certaine ironie de voir la fine fleur du capitalisme financier jouer un rôle instrumental au bénéfice d’artistes dont l’album culte Animals, sorti en 1977, était une adaptation de La Ferme des animaux (1945), de George Orwell, en pamphlet anticapitaliste. Qui a oublié cette pochette mythique, du cochon, symbole de la ploutocratie, volant au-dessus de l’usine électrique de Battersea, à Londres, représentant la classe ouvrière ?
L’album porte la patte de Roger Waters, l’un des leaders du groupe britannique avant d’en être exclu en 1985, dont la face sombre est loin d’être cachée. En octobre 2022, une interview donnée par le bassiste au magazine Rolling Stone, où il détaillait ses vues sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie (la faute à l’OTAN, selon lui) ou sur le conflit israélo-palestinien (pour lequel les juifs américains ou britanniques portent une part de responsabilité car ils « payent pour tout »), avait fait capoter une première tentative de transaction. La femme de David Gilmour, l’autre figure-clé du groupe, avait attaqué Roger Waters sur X en le traitant d’« antisémite jusqu’à [s]a moelle pourrie ».
Les candidats au rachat s’étaient prudemment retirés. A l’époque, une valorisation de 500 millions de dollars était évoquée. Il manque donc grosso modo 100 millions de dollars à l’appel. Le prix de la controverse ?
