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Des centaines d’élus et d’usagers des lignes Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) et Paris-Clermont-Ferrand se sont rassemblés, mardi 15 avril en milieu de journée, à leur arrivée à la gare d’Austerlitz à Paris pour dire leur « exaspération » face à l’état dégradé de ces lignes. Dénonçant « quarante ans d’inaction » sur ces deux lignes oubliées, nombre d’entre eux avaient pris plus tôt dans la matinée l’un des deux « trains de la colère », au départ de Cahors et de Clermont-Ferrand, pour gagner la capitale, où une délégation doit être reçue mardi après-midi au ministère des transports.

« Nous, usagers, parlementaires, élus locaux, forces vives d’Occitaine, d’Auvergne, du Limousin, et du Centre-Val de Loire exprimons notre colère et notre ras-le-bol face aux rustines qu’on nous octroie à défaut d’un véritable plan d’urgence à la hauteur des enjeux », a déclaré devant la presse le président de l’association Urgence Ligne POLT, Jean-Claude Sandrier.

Les lignes POLT (plus de 700 kilomètres de voie ferrée) et Clermont-Paris (420 kilomètres) transportent respectivement 2,6 millions et 1,9 million de voyageurs chaque année dans des trains Intercités. La SNCF a lancé, en 2018, un programme de modernisation de ces lignes, qui restent cependant « encore équipées d’installations techniques hétérogènes et vieillissantes », reconnaît la compagnie ferroviaire.

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« Des rames hors d’âge »

La journée avait commencé à l’aube dans le Lot, quand les premiers manifestants avaient pris le train à Cahors. « Tous unis pour une desserte ferroviaire dynamique respectueuse des usagers et de nos territoires », pouvait-on lire sur une banderole déployée à la gare, a constaté l’Agence France-Presse (AFP).

« Je suis venu défendre la ligne historique Paris-Toulouse », a déclaré Francesco Testa, conseiller municipal de Cahors, avant d’ajouter : « Comme on a affaire à des malentendants, on se déplace pour être plus près de leurs oreilles. » Avant de monter à bord, Monique Codet, 84 ans, qui a fait le trajet « Montauban-Cahors pendant quatorze ans », confie qu’elle aimerait que les nouvelles générations aient les mêmes conditions de transport qu’elle a connues : « Il n’y avait pas de retard. Je me souviens d’une seule panne. »

Des élus et des usagers mécontents de l’état « dégradé » des lignes Paris-Clermont-Ferrand et Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) à la gare d’Austerlitz, à Paris, le 15 avril 2025.

Au passage du train à Limoges, où une centaine de manifestants mécontents ont scandé « ras-le-POLT » dans le hall de la gare, le maire de la ville (LR), Emile Roger Lombertie, a estimé « plus facile aujourd’hui pour un étudiant d’aller faire ses études à Bruxelles, à Berlin, à Copenhague ou ailleurs, que d’aller entre Limoges et Clermont-Ferrand ».

A Clermont-Ferrand, environ 130 personnes ont pris le train, a constaté une journaliste de l’AFP. « Les choses se sont aggravées depuis quarante ans avec des rames hors d’âge et un temps de trajet qui a augmenté de quarante minutes », a expliqué Patrick Wolff, le président de l’association Objectif Capitales – qui réclame un objectif de « moins de trois heures » pour rejoindre Paris contre trois heures et quinze minutes actuellement.

Promesse d’investissement

Jean-Philippe Ollier, responsable du projet de réhabilitation du parc Cataroux de Michelin, à Clermont-Ferrand, est lui venu « défendre la capacité de pouvoir aller à Paris de manière fiable », un enjeu pour les travailleurs de nombreuses entreprises.

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« En modernisant ces deux axes stratégiques », la SNCF prévoit « des investissements sans précédent », souhaite rendre « trajets plus rapides, plus fiables et plus accessibles ». Selon le ministère des transports, les « investissements significatifs réalisés depuis 2018 » sur les deux lignes incluent 1,9 milliard d’euros à l’horizon 2027 pour la ligne POLT et près d’un milliard pour Paris-Clermont. « Il s’agit des deux plus gros chantiers conduits cette année par SNCF Réseau », souligne-t-il mardi dans un communiqué.

« Une régénération partielle qui pour nous n’est pas suffisante », dénonce Jean-Noël Boisseleau, vice-président de l’association Urgence Ligne POLT. Pour lui, il faudrait « 2,5 à 3 milliards d’euros supplémentaires pour que, vraiment, on reparte pratiquement à neuf ».

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Le Monde avec AFP

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