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Traits tirés, visages fermés, mutisme généralisé. Au départ de l’étape de Coupe du monde de ski de Bormio (Italie), samedi 28 décembre, il ne fallait pas être devin pour percevoir la tension qui régnait au portillon. Maintenus dans un équilibre précaire avant de s’élancer, les descendeurs pouvaient mesurer la pente vertigineuse du Stelvio sous leurs skis. Le mur de glace de trois kilomètres est réputé comme le plus dangereux de la saison.

C’est un Suisse de 24 ans, Alexis Monney, auteur d’une descente très engagée malgré les conditions, qui est allé chercher la tête devant son compatriote Franjo Von Allmen. « C’est une journée un peu folle, je suis heureux ! J’avais un plan au départ, tout était prêt et on a beaucoup travaillé sur la vidéo », s’est réjoui l’intéressé. Le Canadien Cameron Alexander complète le podium.

Leader au classement général, l’Autrichien Marco Odermatt, s’est quant à lui fait une belle frayeur en se couchant dans l’entrée de la Carccetina. Le leader du général a rétabli la situation de manière remarquable, alors que son airbag semblait se déclencher. Finalement cinquième de la course, le détenteur du Gros globe de cristal (qui récompense le vainqueur de la Coupe du monde) s’en sort bien. Les courbes serrées et les différents sauts peuvent vous envoyer dans un lit d’hôpital à la moindre faute.

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La veille, lors du deuxième entraînement, quatre hommes en ont fait les frais. Parmi eux, le Français Cyprien Sarrazin, victime d’une lourde chute sur une bosse mal négociée. Le Haut-Alpin, devenu une star de son sport la saison passée après avoir remporté deux fois de suite la descente de Kitzbühel, souffre d’un hématome sous-dural. Hélitreuillé vers l’hôpital, il a été opéré dans la soirée de vendredi, et gardé en réanimation neurologique.

La Fédération internationale défend la préparation de la piste

Un simple accident de course dans un sport à risque ? Ou une faute imputable à une piste mal préparée ? Le directeur des courses de la FIS, Markus Waldner s’en est défendu vendredi, en mettant en cause les vents violents qui ont emporté la neige fraîche, rendant la piste très glacée. Après le coup de gueule de Nils Allègre et de plusieurs autres skieurs du circuit qui ont regretté une piste « dangereuse », il fallait faire fi des doutes et faire taire les peurs pour s’élancer à plus de 150 km/h dans la descente.

Les corps diminués − par des intoxications alimentaires post-fêtes légion au sein des effectifs, ou par la peur qui tord les boyaux − les descendeurs ont activé le mode « survie », en multipliant les petits travers pour maîtriser leur vitesse. Peu ont réussi à attaquer la piste de haut en bas, pendant les deux minutes descente. Le Français Adrien Theaux a même décidé de ne pas prendre le départ… La faute au virus qui circule au sein de l’équipe de France ? Ou ne se sentait-il pas d’affronter aujourd’hui le géant glacé ?

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Depuis la chute de Cyprien Sarrazin la veille, l’organisation a certes travaillé la piste en rabotant le saut du San Pietro − un passage mythique qui propulse à plus de 50 mètres dans les airs les skieurs. En revanche, impossible d’adapter le virage où Cyprien Sarrazin, Kyle Negomir et Josua Mettler se sont blessés. Le mouvement de terrain est très marqué et ne peut pas faire l’objet d’ajout de neige. La journée du samedi a donc pris des allures de déjà-vu : l’Américain Ryan Cochran-Siegle est à nouveau parti à la faute sur cette portion, déclenchant son air bag, suivi du Suisse Lars Roesti sur la même configuration que Cyprien Sarrazin. Miraculé après avoir rebondi sur la piste, le Suisse s’est relevé indemne.

Meilleur tricolore, Nils Allegre a terminé dixième malgré une course « psychologiquement compliquée ». Nils Alphand, auteur d’une belle descente, est quatorzième et Matthieu Bailet 19e. Une semaine à oublier, avant de se projeter sur la prochaine étape à Adelboden (Suisse), les 11 et 12 janvier.

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