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Histoires Web vendredi, mai 16
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Voilà deux siècles que la fiction occidentale conjure des vampires. S’ils émergent de leurs sépulcres, c’est d’abord pour effrayer. Mais aussi loin que l’on remonte dans leur bibliographie ou leur filmographie, ces morts-vivants ont porté plus que des terreurs nocturnes. Au temps de Bram Stoker (1847-1912), le créateur britannique de Dracula, le vampire incarnait la sourde menace que faisaient planer les immigrés – y compris les rejetons de nobles lignées venues du continent – sur la pureté des femmes et du sang. Au début du XXIe siècle, la persécution des vampires sudistes dans la série True Blood reflétait les tourments de la communauté LGBTQ+ aux Etats-Unis.

Ryan Coogler leur assigne une tâche inédite dans Sinners (« les pécheurs »), son cinquième long-métrage, sorti le 16 avril. Loin des métaphores érotiques généralement associées à la condition vampirique, les créatures qui surgissent à mi-film sont porteuses d’un projet politique et culturel qui se heurte aux efforts des protagonistes de Sinners, les frères « Smoke » et « Stack » Moore (tous deux incarnés par Michael B. Jordan). Ces gangsters afro-américains sont décidés à ouvrir un juke joint (établissement réservé aux Noirs, où l’on boit de l’alcool et où l’on joue du blues) près de Clarksdale, dans le Mississippi, en 1932, quelques mois avant l’abrogation de la Prohibition, et trois décennies avant celle de la ségrégation dans les Etats du Sud.

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