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Le rapport Draghi [sur l’économie européenne] a fêté son premier anniversaire il y a quelques jours, l’occasion de rappeler le constat amer d’un décrochage européen, qui semble désormais inexorable. Mario Draghi [ancien président de la Banque centrale européenne] est parvenu à instaurer un relatif consensus sur les difficultés de notre continent, mais notre modèle économique continue de s’essouffler. Surtout, il met à l’épreuve l’idée selon laquelle nos valeurs, fragiles mais bien réelles, peuvent encore coexister avec un monde toujours plus concurrentiel, rapide et instable.

Or ces valeurs, nous y sommes attachés. Elles s’incarnent d’abord dans notre modèle social et redistributif, qui continue de protéger les travailleurs et maintient un niveau d’inégalités parmi les plus faibles au monde. Elles se manifestent aussi dans nos régulations, qui protègent les citoyens comme nulle part ailleurs, et garantissent un temps de vie hors de l’entreprise.

Enfin, elles se traduisent par une action climatique et environnementale, sans doute toujours insuffisante, mais incontestablement plus volontariste et stable qu’en bien d’autres régions. A tout cela s’ajoute un attachement profond, gravé dans nos traités, à une concurrence pure, à une certaine rigueur budgétaire et aux vertus du libre-échange.

Mais ces valeurs ont un coût lorsqu’elles se transforment en règles et en pratique qui freinent la prise de risque, limitent l’agilité de l’action publique et alourdissent le fonctionnement des entreprises. Les conséquences sont connues : retard d’exécution, difficulté à transformer la recherche en innovation, à mobiliser l’épargne, à industrialiser nos découvertes scientifiques, à maîtriser les technologies-clés et à retenir nos entreprises les plus innovantes. Chaque semaine, un nouvel indicateur rappelle le décrochage technologique du continent, et de la France en particulier.

Lire le décryptage (2023) | Article réservé à nos abonnés Le grand décrochage de la productivité en France

L’Union européenne a raté la révolution informatique puis numérique, et les gains de croissance qui les accompagnaient. Aujourd’hui, les mêmes freins continuent d’agir : procédures trop lentes, marchés fragmentés, financements dispersés, frilosité au risque. En conséquence, nous prenons déjà du retard dans les technologies du XXIe siècle : intelligence artificielle, biotechnologies ou véhicules autonomes. Cette perte de vitesse n’est plus seulement une question de compétitivité. Dans un monde fragmenté, elle devient une question de souveraineté.

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