Laurent Marti n’en revient toujours pas. « Jamais je n’aurais imaginé un tel engouement. Pour un club qui n’a pas encore gagné de titre, c’est assez incroyable. » Quand cet homme d’affaires dordognais de 57 ans a pris la présidence de l’Union Bordeaux-Bègles (UBB), en 2007, l’équipe végétait en Pro D2, la seconde division du rugby professionnel, devant à peine 3 000 personnes. Près de vingt ans plus tard, ses joueurs disputent le titre européen de Champions Cup aux Anglais de Northampton, samedi 24 mai, au Millennium Stadium, à Cardiff, une enceinte de plus de 70 000 places. Deux époques, deux mondes, témoins de la nouvelle dimension prise par l’UBB.
Depuis le début de la saison, le club, deuxième du Top 14, joue à domicile à guichets fermés. Plus de 32 000 spectateurs – dont 17 000 abonnés – se pressent à Chaban-Delmas, un stade Art déco centenaire, à la blancheur quelque peu décatie, mais au lustre intact. Aucune équipe en Europe ne fait mieux.
Les Bordelais vont au stade en famille, entre amis. Un public nouveau, de plus en plus jeune aussi, qui se fond parmi les supporteurs de la première heure. On y fait la fête avant et après le match, à la Bodega, sur le parvis de l’enceinte, ou dans les rues attenantes, entre les voitures et à bord du tramway. L’UBB gagne, et toute la ville est en liesse. Les jours de match, Bordeaux vit rugby, et « Chaban » en est le cœur battant.
Alors, la cité girondine serait-elle la nouvelle capitale européenne du rugby ? Il y a quelques années, la question aurait prêté à sourire. Car, jusqu’à récemment, la « belle endormie » en pinçait davantage pour le football. Surtout à l’ère Claude Bez, le président emblématique des Girondins (1978-1991). Une décennie dorée, avec trois titres de champion de France décrochés par la génération Tigana, Trésor et Giresse, qui a écrit la légende de Lescure, l’ancien nom de Chaban-Delmas. Bordeaux, dans les années 1980, c’étaient les Girondins.
Il vous reste 76.61% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.