Meilleures Actions
Histoires Web dimanche, janvier 12
Bulletin

ARTE – DIMANCHE 12 JANVIER À 23 H 05 – DOCUMENTAIRE

Lutter contre la misogynie pesante du milieu du cinéma, réclamer l’égalité salariale, assumer ses choix, taire parfois ses douleurs mais ne jamais se laisser faire. Quitte à hausser le ton, à s’imposer physiquement, jusqu’à être surnommée « les plus grosses paires de couilles de Hollywood » par des patrons de studios d’une délicatesse rare… Sharon Stone, car c’est bien d’elle qu’il s’agit, occupe une place à part dans l’imaginaire collectif : inscrite comme sex-symbol ultime pour sa performance dans Basic Instinct (1992), de Paul Verhoeven, et une scène d’interrogatoire devenue culte, voire « cul-culte ».

Lire la chronique (en 2021) : Article réservé à nos abonnés De « Basic Instinct » à « La Beauté de vivre deux fois », Sharon Stone dans « Le Monde »

Sharon Stone, 34 ans à l’époque, affolante dans le rôle de Catherine Tramell, jambes croisées décroisées devant quelques flics dont un, joué par Michael Douglas, sous le choc. Un Douglas payé 14 millions de dollars pour ce thriller érotique alors que Stone se contente d’un cachet de 500 000 dollars. Actrice depuis la fin des années 1980 sans jamais avoir crevé l’écran, acceptant des rôles formatés de petite amie ou de maîtresse, Sharon Stone entre, après Basic Instinct, dans un nouveau monde : « Le vendredi, j’étais une actrice de notoriété moyenne. Le lundi, on criait mon nom dans la rue ! », résume-t-elle.

L’intérêt de ce documentaire, rythmé par la voix de Julie Gayet, est d’aller au-delà du choc de ce film pour dresser, à travers de nombreux extraits d’entretiens donnés par Stone aux chaînes de télévision américaines, le portrait d’une femme sortant de l’ordinaire.

« J’ai tout vu »

De son bled natal de Meadville (Pennsylvanie) à la gloire internationale, Sharon Stone, issue d’une famille modeste d’origine irlandaise, aura tout connu, même le pire (agressée sexuellement par son grand-père maternel à l’âge de 8 ans, victime d’une grave hémorragie cérébrale à 43 ans). Interrogée en 2018 sur les difficultés de travailler dans de bonnes conditions, elle sourit puis lance : « Je fais ce métier depuis quarante ans. Vous imaginez comment c’était, il y a quarante ans ? Avec mon physique, venant d’un bled en Pennsylvanie et sans protection ? J’ai tout vu. »

Tout vu, c’est-à-dire beaucoup enduré et pas mal rendu. A coups de gueule et parfois plus. En 1992, sur NBC, elle explique : « La vie est pleine de règles, surtout pour une fille. Et pour une fille de cinéma encore plus. On ne joue pas souvent des rôles de vraies femmes. On joue des rôles sortis de l’idée qu’un scénariste masculin se fait d’une femme. »

En 1994, le New York Times écrit : « Madame Stone pourrait passer du statut de déesse du sexe à celui de reine du cinéma si elle trouve un jour le bon rôle. » Martin Scorsese lui offrira ce rôle dans Casino (1995) quelques mois plus tard. « Mais après avoir joué avec Scorsese et De Niro, on fait quoi ? », lance-t-elle en riant.

En 2023, elle déclare : « Une actrice n’a pas le droit de souffrir, ni de tomber trop bas. Et moi, après mon accident cérébral, je suis tombée très bas. J’ai dû cacher la vérité pendant des années, juste pour pouvoir retrouver du travail à la télévision, décrocher des seconds rôles. » L’instinct de survie. Rarement un documentaire aura aussi bien porté son titre.

Sharon Stone, l’instinct de survie, documentaire de Nathalie Labarthe (Fr., 2024, 53 min). Disponible à la demande sur Arte.tv jusqu’au 11 avril.

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.