Quand le milliardaire américain Elon Musk a tenté de s’ingérer dans la vie politique de l’Italie en attaquant sa magistrature, coupable à ses yeux d’avoir contrecarré la politique migratoire de son « amie » présidente du conseil, Giorgia Meloni, il a trouvé face à lui un homme d’un autre monde, d’une autre époque. Un vieil Européen. Un vieux démocrate. Un homme d’Etat discret mais à la légitimité incontestée, un républicain pétri de valeurs chrétiennes : le président de la République italienne, Sergio Mattarella, 83 ans.
« Ces juges doivent partir », avait écrit, le 12 novembre 2024, sur son réseau social X, le soutien du président Trump et parrain affiché de l’extrême droite mondiale. Le chef de l’Etat italien lui a répondu le jour suivant sans prendre la peine de le nommer : « Quiconque (…) sur le point d’assumer un rôle important au sein du gouvernement d’un pays ami et allié doit respecter la souveraineté [de l’Italie] et ne peut s’arroger le droit de lui dicter des prescriptions. »
La passe d’armes entre l’homme le plus riche du monde, voué à la conquête interplanétaire, et le président d’une vieille nation mère de la culture classique européenne catalyse la confrontation entre deux conceptions antagonistes du politique. D’un côté, l’affirmation d’une autocratie électorale dans laquelle un scrutin victorieux est la seule condition d’un pouvoir sans limite. De l’autre, une conception de la démocratie fondée sur des contre-pouvoirs et des contraintes légales, mais aussi philosophiques.
Le président de la République italienne est le garant de cette deuxième option, quitte à mettre subtilement en cause la ligne du gouvernement transalpin. Précieux génie pour la dirigeante d’extrême droite, Musk s’apparente aux « nouveaux seigneurs féodaux » pour le chef de l’Etat.
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