Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, se défend de tout conflit avec son premier ministre, Ousmane Sonko, son allié de longue date, qui l’a ouvertement critiqué la semaine dernière. M. Sonko, également chef du parti au pouvoir, le Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), a reproché au président Faye son présumé manque de soutien face aux « attaques » dont il dit faire l’objet de la part, notamment, d’opposants et d’activistes et avait dénoncé un « problème d’autorité » au Sénégal, lors d’une réunion de son parti à Dakar le 10 juillet.
« Des divergences avec le premier ministre ? Non. [M. Sonko] l’a dit. Il est mon ami. Je n’ai aucun conflit avec lui. Je souhaite continuer à m’appesantir sur ce que les Sénégalais attendent de nous, en mettant l’accent sur les solutions à apporter à leurs difficultés, a déclaré M. Faye lundi soir à la télévision publique. Le seul combat qui vaille est le combat contre les difficultés que les Sénégalais endurent. »
MM. Faye et Sonko sont des compagnons de longue date et ont tous les deux été emprisonnés sous le régime de l’ancien président Macky Sall (2012-2024). M. Sonko, figure dominante de la politique sénégalaise ces dernières années, a été nommé premier ministre en avril 2024, au lendemain de la victoire de son second et bras droit Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle, qu’il avait fait élire après que sa propre candidature a été invalidée.
Réformer le système politique
Depuis son arrivée au pouvoir, le duo a prôné le souverainisme et le panafricanisme. Mais les nouvelles autorités affirment que leur action politique est limitée par l’état « catastrophique » dans lequel elles disent avoir trouvé le pays.
Le chef de l’Etat s’est exprimé lundi soir en recevant un rapport issu d’une concertation nationale pour réformer le système politique et à « consolider la démocratie » dans le pays. Il a annoncé qu’un comité sera créé pour la mise en œuvre des recommandations de ce rapport. La rencontre nationale avait en mai réuni des partis politiques, des membres de la société civile, des syndicats, des experts et des universitaires.
Plusieurs thématiques, comme la rationalisation des partis politiques ou le statut de l’opposition, la révision du système de parrainage nécessaire pour être candidat à la présidentielle et la transformation du Conseil constitutionnel en Cour constitutionnelle, avaient été débattues. La concertation avait été boycottée par quelques partis de l’opposition, dont celui de l’ancien président Sall, qui accuse le pouvoir de s’acharner contre ses responsables et de restreindre les voix divergentes.