Meilleures Actions
Histoires Web dimanche, septembre 15
Bulletin

Entre la Syrie, un pays qu’ils ont fui en pleine guerre en 2013, le Liban où ils ont vécu pendant dix ans, et Chypre, qu’ils ont tenté de rejoindre pour échapper à un statut de plus en plus précaire au pays du Cèdre, avant d’être renvoyés au Liban puis expulsés en Syrie, l’histoire de Nawal, de son mari et de leurs cinq enfants illustre les politiques de plus en plus répressives mises en œuvre à l’encontre des réfugiés syriens sur les deux rives de la mer Méditerranée.

Dans un rapport publié mercredi 4 septembre, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a documenté le cas de 16 réfugiés et demandeurs d’asile syriens, qui ont tenté de quitter illégalement le Liban par la mer entre août 2021 et septembre 2023, et ont fait l’objet de mesures de renvoi et de refoulement par les autorités de Chypre et du Liban, pour certains jusqu’en Syrie, en violation des conventions internationales, et notamment européennes.

Aucune justification ne leur a été donnée concernant le refus de leur accorder la protection internationale. Certains réfugiés ont été victimes d’abus de la part des autorités libanaises ou chypriotes, comme la détention arbitraire, l’usage excessif de la force et la confiscation de documents d’identité et de téléphones. « Notre rapport se fonde sur des cas confirmés jusqu’en 2023, mais nous savons que cela se poursuit encore aujourd’hui », relève Nadia Hardman, l’une des rédactrices du rapport.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Accord UE-Liban pour empêcher le départ de réfugiés syriens vers Chypre

HRW relève la responsabilité du Liban, de Chypre et de l’Union européenne (UE), qui mènent une politique d’endiguement des flux migratoires. Entre 2020 et 2023, l’UE et des pays européens ont financé, à hauteur de 16,7 millions d’euros, des programmes pour former et équiper les forces de sécurité libanaises, afin d’améliorer la gestion des frontières et d’empêcher l’immigration illégale. En mai, la Commission européenne a annoncé une nouvelle aide financière d’un milliard d’euros au Liban sur quatre ans, dont une partie est destinée à la poursuite de ces programmes.

Fond de ressentiment antisyrien

« L’UE et les Etats donateurs n’ont pas réussi à garantir, de manière efficace, que ces financements ne contribuent pas à des violations des droits de l’homme, notamment par la mise en place de mécanismes concrets d’évaluation et par des mesures de conditionnalité des financements au respect des droits de l’homme », déplore Ramzi Kaiss, chercheur auprès de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW.

Concernant la situation entre Chypre et le Liban, la Commission européenne assure « suivre le sujet de près, tout comme le HCR [le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés] » et estime prendre très au sérieux « les allégations d’actes répréhensibles ». Néanmoins, au sujet des refoulements ou des expulsions ordonnés par Chypre vers le Liban, elle assure qu’« il incombe aux Etats membres d’enquêter de manière complète et indépendante sur toute allégation de violation des droits fondamentaux et de poursuivre tout acte répréhensible établi ». Selon elle, « tous les États membres de l’UE doivent respecter pleinement leurs obligations en vertu du droit d’asile et du droit international, notamment en garantissant l’accès à la procédure d’asile. »

Il vous reste 56.77% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.