Meilleures Actions
Histoires Web lundi, juillet 8
Bulletin

La peinture de Simon Pasieka est une machine à faire circuler dans le temps, dans les deux sens. Elle projette vers un futur, dont on ne sait s’il serait édénique ou glacial, dans lequel des femmes et des hommes nus vivraient dans une nature nordique et lumineuse. Leurs corps minces seraient alternativement denses comme du métal ou translucides. Leurs gestes seraient lents et leurs visages ne trahiraient aucune émotion, d’autant moins que plusieurs ont des yeux tout bleus, sans iris.

A moins que ce ne soit vers un passé que l’on glisse : un temps où les humains peignaient sur les rochers des signes désormais indéchiffrables ou modelaient leurs effigies dans la glaise, que ces bas-reliefs soient funéraires ou magiques. Ils semblent parfois honorer un dieu lune au visage mélancolique ou un soleil de cuivre rouge. Tout cela est peint tantôt avec la plus grande netteté, mais l’effet n’en est que plus troublant : figures, végétations, pierres sont à la fois parfaitement vraisemblables et tout à fait extravagants. Plus ils sont détaillés, moins on peut croire à leur réalité.

Sans doute Pasieka a-t-il souvent regardé le symbolisme de la fin du XIXe siècle et le surréalisme, mais il ne relève ni vraiment de l’un, ni vraiment de l’autre. C’est plutôt du côté du cinéma qu’on lui trouverait des connivences, avec Ridley Scott au temps de Blade Runner (1982) et Lars von Trier de Melancholia (2011). Comme les deux réalisateurs, il sait inventer des images qui s’inscrivent longuement dans la mémoire.

« Tas Mental », galerie Romero Paprocki, 8, rue Saint-Claude, Paris 3e. Du mardi au samedi, de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 27 juillet. www.romeropaprocki.com

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.