Sélection galerie : Leonora Carrington chez Sator

Depuis sa redécouverte, il n’y a guère plus d’une décennie, Leonora Carrington (1917-2011) est devenue l’une des héroïnes du surréalisme. Née en Grande-Bretagne, ayant vécu en France avec Max Ernst avant que la défaite de 1940 les sépare, puis au Mexique, elle a été élevée au rang de légende par la Biennale de Venise 2022, qui lui devait son titre, Le Lait des rêves. Prêtés par la fondation qui porte son nom à Mexico, dessins, esquisses, sculptures, assemblages, objets et documents personnels sont réunis dans une scénographie qui, si elle n’est pas discrète, suggère ce qu’était l’atelier de l’artiste, à mi-chemin entre cabinet de curiosités et sanctuaire magique.

Carrington était, en effet, éprise d’occultisme, tenait nombre de ses œuvres pour des talismans et concevait ses peintures comme des scènes symboliques, peuplées de créatures mythiques. Elle en traçait les formes monstrueuses d’un trait net et précis, en déterminait les couleurs selon les échos psychiques que celles-ci peuvent susciter et les notait sur le papier avant de peindre. C’est donc l’un des grands intérêts de cet hommage que de montrer comment Carrington travaillait, sans que l’usage d’une méthode raisonnée nuise à la variété de son imaginaire.

Quant à ses sculptures, elles s’inscrivent dans une histoire millénaire qui a commencé au temps des Grecs et des Etrusques et a continué en Afrique et dans l’Amérique précolombienne. Il est aussi proposé de se faire prédire l’avenir dans une cabine obscure, selon un système numérique que Carrington avait conçu, mais ce n’est pas le moment le plus convaincant de l’exposition.