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Histoires Web lundi, juin 2
Bulletin

Pour tout saisir de ce que Jean David Nkot inscrit et crypte dans ses peintures et sculptures, il faut un regard attentif. A l’arrière-plan de ce qui semble d’abord être de beaux portraits de groupe de jeunes femmes rieuses apparaissent les fantômes à peine visibles de photos qui montrent les travaux dans les plantations de cacao et de café, l’une des ressources principales du Cameroun, pays natal de l’artiste. Devant ces ouvrières s’étalent les fèves et grains qu’elles doivent trier avant que l’industrie ne les traite. A ces grandes toiles sont associées des figures nues en céramique d’un bleu cru. On s’aperçoit vite que les corps sont blessés et que ce bleu est celui du cobalt : une allusion aux activités minières du pays. Dans la dernière salle, Nkot déploie une installation où se retrouvent ces bustes bleus sur leurs socles et, dans des bocaux de verre, des imitations d’échantillons de minerais : argent, cuivre, lithium, platine, etc. Ceux-ci sont extraits par les mineurs, souvent clandestins, au mépris de leur vie. Le sol est recouvert de terre sablonneuse et des pochettes vides le parsèment : celles dans lesquelles ces mineurs boivent l’alcool frelaté qu’ils absorbent pour travailler des journées entières sans manger. Dans le couloir qui précède cette pièce, des portraits sont accrochés. Ils sont savamment peints, mais sur des toiles de jute effilochées et déchirées. Ainsi la volonté de réalisme de Nkot se vérifie-t-elle jusque dans le choix de ses matériaux. Philippe Dagen

« Théâtre des corps. Drame de la matière ». Galerie Afikaris, 7, rue Notre-Dame-de-Nazareth, Paris 3e. Jusqu’au 21 juin, du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures.

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