Né en Guyana (anciennement Guyane britannique), Frank Bowling est arrivé à Londres en 1953 pour y faire ses études. Formé aux abords de la Tamise, sous la lumière et la figure tutélaire de Turner, le peintre a longtemps réfuté toute influence tropicale dans sa palette. Il a même fait de cette question un émouvant petit film tourné sur sa terre natale à la fin des années 1960 et présenté ici. Pourtant, les couleurs, intenses, irradient chez Bowling. L’abstraction, atmosphérique, évoque volontiers des paysages : soleils rougeoyants, nature luxuriante ou horizons liquides. De près, des résidus très concrets de la vie à l’atelier viennent donner du relief et des touches d’intimité à ses toiles, monumentales, et on constate que chaque tableau est un collage d’autres toiles, agrafées, puis marouflées. Intitulé « Collage », cet accrochage est la toute première exposition personnelle en France, de l’artiste britannique, âgé de 91 ans et déjà entré dans les collections du MoMA, du Met ou de la Tate, qui lui a consacré une grande rétrospective en 2019. Un tout petit tableau datant de 2000 fait figure de clé de voûte à l’ensemble : un collage textile composant un escargot, en référence au célèbre collage de Matisse. Emmanuelle Jardonnet
« Frank Bowling. Collage ». Galerie Hauser & Wirth, 26 bis, rue François-Ier, Paris 8e. Jusqu’au 24 mai.