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Histoires Web lundi, juin 24
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La pensée férale, c’est cette incitation à revenir à l’état sauvage, à échapper au domestique, qui envahit l’art contemporain sous l’impulsion de penseurs telle Charlotte Cosson. Daniel Steegmann Mangrané, artiste d’origine catalane, installé au Brésil, l’incarne avec grâce dans ses sculptures et photographies, à travers lesquelles souffle l’esprit de la Mata Atlantica, cette forêt primaire avec laquelle il cohabite et dont il tente d’exprimer l’âme. Des branches délicates, précieusement dédoublées, flottent en suspens dans la galerie. Une fine lance d’or soutient quelques épines de pin. Des feuilles sont épinglées au mur, à demi dorées. Des photographies accompagnent ces interventions graciles. Elles ont été prises dans le parc national de Tijuca, près de Rio de Janeiro : ses arbres dont les plus âgés ont plus de 600 ans ont été les témoins de l’histoire du pays. Héros des cosmologies amérindiennes, ils ont été victimes des colons portugais, qui ont décimé nombre de forêts avant de contraindre les esclaves à les replanter. Sur la cheminée, une branche est percée de l’œil d’un de ces chiens qui ont échappé à l’homme pour habiter librement la Mata : féral, il nous regarde en nouveau sauvage, comme pour nous rappeler qu’il est d’autres façons d’habiter le monde que de l’exploiter.

« La Pensée férale. Daniel Steegmann Mangrané ». Galerie Esther Schipper, 16, place Vendôme, Paris 1er. Jusqu’au 20 juillet, du mardi au samedi, de 11 heures à 18 heures.

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