Sans doute est-ce une coïncidence, mais les œuvres récentes de Dana Schutz sont à Paris, alors que s’y tient l’exposition « Surréalisme » au Centre Pompidou. Elles n’y seraient pas déplacées, tant elles déroutent l’interprétation. Sur de grands formats, la peintre installée à Brooklyn fait apparaître des figures humaines complètes ou incomplètes, féminines ou masculines, macrocéphales le plus souvent.
Ce qu’elles font est étrange : caresser un poulpe aux longs tentacules pourpres, marcher en cortège en portant un poisson géant à tête d’homme, chercher à saisir un globe oculaire en lévitation. Plusieurs renvoient, de façon indirecte ou directe, au travail de la peinture : le regard, le dévoilement de la nudité, la naissance de l’œuvre.
On peut aussi y apercevoir des symboliques sexuelles, des références aux mythes anciens, des allusions peut-être à Herman Melville et à Lewis Carroll. Dans toutes, Schutz démontre sa virtuosité dans les relations chromatiques et sa maîtrise des gestes et de la composition, souvent centrée. A l’intérieur de ces structures prolifèrent des gnomes voyeurs, des petits animaux et des plantes, dont la présence peu explicable accentue la tonalité onirique des toiles.
« The Sea and All Its Subjects », Galerie David Zwirner, 108, rue Vieille-du-Temple, Paris 3e. Du mardi au samedi, de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 16 novembre.