Chaque vendredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, rendez-vous en Algérie, au Cameroun et en Ethiopie avec des enregistrements sortis tout droit du passé.
« Habitek », de Freh Khodja
Après la compilation Sweet Rebels et la réédition d’albums du groupe Les Abranis et de la diva Warda, WeWantSounds poursuit son exploration du passé musical algérien avec Ken Andi Habib, un disque du saxophoniste Freh Khodja paru en 1975 et réédité pour la première fois, vendredi 4 juillet, aux formats vinyle et numérique.
Cet opus comporte huit titres enregistrés à Paris avec Les Flammes, un groupe de musiciens immigrés, et présente, selon le label français, un « mélange magistral » de musique arabe, de jazz, de funk et d’influences caribéennes, latines et cap-verdiennes. Né en 1949 à Sidi Bel Abbès et arrivé en France en 1968, Freh Khodja s’est illustré comme interprète, arrangeur et compositeur, notamment pour la télévision.
« Forest Nativity », de Francis Bebey
Direction le Cameroun avec le Trésor magnétique de Francis Bebey (1929-2001). Sous ce titre énigmatique se cachent vingt « joyaux négligés » retrouvés sous forme de bandes dans la maison de son fils, Patrick Bebey, et numérisés par le label britannique Africa Seven pour les sortir dans un album paru fin mai en vinyle et numérique.
Entre morceaux inédits, enregistrements d’archives et versions alternatives de titres déjà connus, on y retrouve, intact, l’art de l’expérimentation de celui qui n’hésitait pas à marier flûte pygmée et boîte à rythmes, riffs de guitare classique et boucles synthétiques, naviguant joyeusement entre chants folkloriques, afrofunk et spoken word – comme en témoigne notamment le morceau Forest Nativity.
« The Storm », d’Emahoy Tsege Mariam Gebru
Place à la musique d’église avec Church of Kidane Mehret (1972), un album de la compositrice Emahoy Tsege Mariam Gebru réédité fin mai par le label américain Mississippi Records en vinyle, K7, CD et numérique. Née à Addis-Abeba en 1923 et morte à Jérusalem à 99 ans, cette religieuse orthodoxe a appris la musique classique en Suisse – où elle a été envoyée, enfant, en pensionnat –, avant d’étudier le répertoire religieux en Ethiopie puis de fuir le régime du Derg (1974-1987) pour un monastère en Israël.
S’enregistrant dans des églises, elle a livré des morceaux pour piano, orgue et harmonium qui auraient pu tomber dans l’oubli s’ils n’avaient été redécouverts en 2006 par Francis Falceto, créateur de la célèbre collection « Ethiopiques ».
Retrouvez tous les coups de cœur musicaux de la rédaction dans la playlist YouTube du Monde Afrique.
Au Maroc, « l’esprit d’ouverture » du Festival Gnaoua
A Essaouira, le Festival Gnaoua et musiques du monde est de retour, du 19 au 21 juin, pour sa 26e édition. Comme à son habitude, il fait la part belle aux maalems, ces maîtres et gardiens de la tradition gnaoua héritée des esclaves subsahariens au Maroc.
Mais l’événement a aussi à cœur de mettre en avant des « moments de création partagée » qui sont « l’âme du festival », selon les organisateurs, incarnant « un esprit d’ouverture rare où les différences se croisent, se mêlent et donnent naissance à des œuvres intenses, généreuses, inattendues ». Cette année, le jeune maalem Khalid Sansi s’associera ainsi au musicien cubain Cimafunk, phénomène du funk afro-latin, tandis que Morad El Marjan, figure de la nouvelle génération gnaoua, rencontrera l’oudiste et jazzman tunisien Dhafer Youssef, et que la chanteuse malienne Rokia Koné rejoindra pour sa part Asmaa Hamzaoui et son groupe, Bnat Timbouktou, pour un show 100 % féminin.
En ce qui concerne la partie « musiques du monde », le festival propose également des concerts du reggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly, de son compatriote balafoniste Aly Keïta, de la star nigériane de l’afrobeats CKay ou encore, pour le Sénégal, de la Compagnie Bakalama et de la chanteuse Kya Loum. Toute la programmation est à retrouver sur le site de l’événement.