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Histoires Web samedi, octobre 19
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ARTE – SAMEDI 19 OCTOBRE À 20 H 50 – DOCUMENTAIRE

C’est un monde inconnu, qui pourtant est à nos portes. Une société de bâtisseurs sans écriture dont on ignore comment ils se nommaient. On les a appelés les Nuragiques, en référence aux nuraghes, ces constructions monumentales qui évoquent des tours de château fort mais n’en sont pas, édifiées non au Moyen Age mais pendant l’âge du bronze. Quelque huit mille d’entre eux parsèment la Sardaigne, auxquels s’ajoutent des sanctuaires et des tombes collectives gigantesques. Comme autant de témoignages d’une civilisation unique dans la Méditerranée, qui, entre 1 800 et 800 avant notre ère, a proposé un modèle de société que l’on entrevoit mieux, désormais, grâce à la ténacité de quelques archéologues.

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Pour nous promener dans cette époque reculée, le film de Thomas Marlier prend pour guides ces chercheurs qui s’interrogent (certains depuis des décennies) sur la fonction du nuraghe, mais aussi sur son mode de construction. Même s’il a, de l’extérieur, l’apparence d’une tour, on découvre à l’intérieur une structure ogivale où les murs circulaires en montant se rapprochent. Parfois, ces salles dites « à tholos » se superposent, signe d’une maîtrise architecturale poussée. Et, parfois, des nuraghes adjacents apparaissent, reliés les uns aux autres par de longs couloirs. Ces constructions très visibles n’étaient pas habitées et servaient probablement à la fois de marqueurs territoriaux et de lieux de stockage. La vie s’organisait autour d’eux, dans des villages.

Culte des ancêtres

Car il n’y a pas de ville dans le monde nuragique, ni de pouvoir central, à la différence de ce que l’on trouve ailleurs en Méditerranée. Les communautés humaines interdépendantes quadrillent l’espace selon un modèle polycentrique, ce qui ne les empêche pas de se retrouver dans des sanctuaires. Aux alentours du XIIe siècle, alors que tant d’autres civilisations méditerranéennes s’effondrent ou périclitent, les Nuragiques résistent et se réinventent autour d’un culte des ancêtres associé à celui de l’eau. On ne construit alors plus de nouveaux nuraghes, mais on rend hommage à ceux qui ont édifié les anciens.

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Tout est surprenant dans ce monde disparu : les constructions, bien sûr, qui continuent de marquer, de baliser, le paysage sarde, ce dont rendent bien compte les nombreuses vues de drone, et les représentations humaines que ce peuple a laissées. Des statuettes en bronze, les bronzetti, mais aussi d’imposantes statues en pierre de 2 mètres de haut, des géants inexpressifs aux yeux globuleux. Elle étonne, cette civilisation, y compris dans sa dissolution, au VIIIe siècle av. J.-C. La fascination qu’elle exerce suffit à maintenir l’attention du spectateur et aurait dû faire économiser au commentaire du film les allusions répétées aux mystères, secrets et autres énigmes, grosses ficelles des documentaires archéologiques.

Sardaigne, la mystérieuse civilisation des nuraghes, de Thomas Marlier (Fr., 2024, 90 minutes). Sur Arte.tv jusqu’au 19 novembre 2024.

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