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Histoires Web vendredi, octobre 18
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Imaginez que vous découvriez un jour que votre identité a été effacée, que votre passeport, votre permis de conduire, vos cartes bancaires, votre acte de naissance, tous les numéros et autres identifiants qui prouvent votre existence en tant que citoyen ont disparu. Vous ne pouvez pas décrocher un emploi ni posséder de compte bancaire, et les prestations de base ne vous sont pas accessibles puisque vous n’existez pas officiellement.

Mais votre famille a besoin d’être nourrie, alors vous acceptez tout travail qui se présente à vous – irrégulier, mal payé, voire dangereux. Vous appelleriez bien un parent pour demander de l’aide, mais votre téléphone ne fonctionne pas parce que votre carte SIM a disparu. Aucune école n’a de trace de votre enfant, elle ne peut donc pas l’inscrire, et la porte de la classe se referme sur lui.

Vous avez rencontré l’amour de votre vie ? Il se peut que vous ne puissiez même pas vous marier officiellement. Aucun médecin ne possède de dossier sur vous, si bien que, si vous êtes malade ou blessé, vous devez vous débrouiller seul. Sans nationalité et sans les droits qui en découlent, vous vivez dans la crainte d’être maltraité, arrêté, détenu et même expulsé du pays qui est le vôtre. Cela offre un aperçu de la situation des apatrides, même si, pour nombre d’entre eux, l’apatridie n’est pas un problème soudain mais une situation qu’ils endurent depuis leur naissance.

Batailler pendant dix ans

Imaginez donc le calvaire de Tebogo Khoza, un jeune homme qui n’a jamais connu son père, a perdu sa mère de maladie et dont les grands-parents n’ont jamais eu de papiers d’identité parce que l’ancien régime d’apartheid sud-africain considérait que les non-Blancs n’en avaient pas besoin. Il a fallu une bataille de dix ans pour qu’il obtienne enfin, en 2023, à l’âge de 25 ans, un acte de naissance confirmant sa nationalité sud-africaine.

Imaginez aussi comment Meepia Chumee, abandonnée bébé et élevée par des proches également apatrides, a lutté pendant des décennies pour accéder à un emploi formel, aux droits fondamentaux et aux services dans le nord de la Thaïlande. Ce n’est qu’à l’âge de 34 ans qu’elle a réussi à obtenir la nationalité thaïlandaise.

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Ce ne sont là que deux des histoires récemment mises en lumière par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ce ne sont que deux des quelque 4,4 millions de personnes dans le monde qui sont déclarées apatrides ou de nationalité indéterminée. En réalité, le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé ; on ne vous compte pas lorsque vous êtes invisible, et les données ne sont disponibles que pour environ la moitié des pays du monde.

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