« Saint-Pierre, une ville française en Amérique », sur France 3 : l’histoire bicentenaire d’une île-cité à nulle autre pareille

FRANCE 3 – LUNDI 28 OCTOBRE À 23 H 35 – DOCUMENTAIRE

Non loin des joueurs de pétanque, des jeunes jouent au hockey sur de la glace artificielle. Un bus scolaire au design jaune, emblématique de la culture américaine mais portant l’inscription française « écoliers », sillonne la route le long de maisons aux couleurs vives, alors que la vue aérienne dévoile une petite ville portuaire : Saint-Pierre.

Ce surprenant éclectisme s’explique par la géographie du lieu : l’île-ville de Saint-Pierre se situe à plus de 4 000 kilomètres à l’ouest de l’Hexagone, mais seulement à 25 kilomètres des côtes sud de l’île canadienne de Terre-Neuve. Petite, d’une superficie de 25 kilomètres carrés, elle abrite 5 500 habitants qui constituent plus de 90 % de la population de l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon. Ce qui fait de Saint-Pierre la seule ville française d’Amérique du Nord – délimitée au sud par le tropique du Cancer. Et pourtant une des moins connues.

Aussi il serait dommage de passer à côté de ce documentaire atypique, qui relate son histoire bicentenaire, à travers son développement urbanistique et son architecture. Ce prisme original va révéler, au fil des rencontres, l’étonnante polyvalence des Saint-Pierrais et leur attachement à leur territoire. A condition toutefois de s’habituer au classicisme de la forme : ton de la narration, illustrations par les gravures animées signées Nicolas Andry et chapitrage appuyé.

Images d’archives rares et drôles

Christophe Lehuenen, responsable de l’aménagement du territoire, sert de guide pour les maisons les plus emblématiques. Au détour des rues, le mélange des genres est frappant (entre fenêtres à ouverture à la française, à l’anglaise et à l’américaine). Voire anachronique, avec une cabine téléphonique rouge au second plan.

Les images d’archives, nombreuses, sont, quant à elles, de véritables curiosités. Souvent rares, parfois drôles, comme le cliché montrant une jeune femme tout sourire coiffée d’un béret et poussant une brouette pleine de morues séchées.

Tout à Saint-Pierre est unique. A commencer par les incendies qui l’ont détruite maintes fois. Jusqu’à celui de 1867, après lequel furent interdites les maisons en bois en centre-ville. Les habitants, essentiellement des pêcheurs qui bâtissaient eux-mêmes leurs logis selon la technique des charpentiers de marine, vont alors faire preuve d’un esprit bien français : puisque la brique est obligatoire en centre-ville, ils vont construire en bois… à la périphérie.

Au niveau urbanistique, Saint-Pierre apparaît comme un concentré des influences françaises : à partir des années 1970, les habitants vont, par exemple, quitter le centre pour des maisons plus spacieuses en périphérie. Aujourd’hui, le maire, comme d’autres, souhaite faire machine arrière et « remplumer » le centre-ville.