Le candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle prévue en mai en Roumanie, Calin Georgescu, a fait appel lundi 10 mars après avoir été écarté de la course par la commission électorale. La Cour constitutionnelle a annoncé dans un communiqué avoir reçu son recours et se réunira mardi à 17 heures (16 heures à Paris) pour l’examiner.
La commission électorale roumaine a confirmé dimanche soir avoir rejeté la candidature de M. Georgescu à la présidentielle, une décision qui a suscité l’indignation de ses partisans. Selon l’instance, qui s’appuie sur le jugement rendu en décembre par la Cour constitutionnelle, et non sur des raisons procédurales, le candidat « ne remplit pas les conditions de légalité », car il a enfreint « les règles démocratiques d’un suffrage honnête et impartial ».
Le sexagénaire a dénoncé dimanche sur X « un coup direct porté à la démocratie dans le monde ». « L’Europe est maintenant une dictature, la Roumanie vit sous la tyrannie ! », a lancé celui qui faisait figure de favori dans les sondages, avec quelque 40 % des intentions de vote.
Il s’agit d’un « nouvel épisode dans le coup d’Etat » à l’œuvre depuis l’annulation du premier tour, a renchéri lundi matin devant la presse l’autre figure nationale de l’extrême droite roumaine, George Simion, évoquant « une page noire de notre fragile démocratie ».
A l’annonce de l’invalidation de la candidature de M. Georgescu, plusieurs centaines de ses partisans se sont rassemblés devant le bâtiment de la commission électorale, à Bucarest, criant « A bas la dictature ! ». Après les premiers incidents en début de soirée, la situation s’est à nouveau tendue dans la nuit en réaction à la publication par le bureau électoral des motivations de sa décision, semblant sérieusement compromettre l’avenir politique de M. Georgescu. Même si un recours est possible, « cela signe pour l’heure son K.-O. », a commenté pour l’Agence France-Presse l’avocate Silvia Uscov, qui suit de près le dossier.

Les gendarmes ont dû disperser à plusieurs reprises à coups de gaz lacrymogène une foule « violente » qui a tenté de forcer le barrage pour entrer dans les locaux, jetant bouteilles et pétards, selon plusieurs communiqués. Treize officiers ont été blessés.
La Roumanie a basculé dans la tourmente depuis le premier tour du scrutin, le 24 novembre 2024, qui a fait émerger sur la scène politique M. Georgescu, jusqu’alors quasi inconnu.
Fait rare dans l’Union européenne, la Cour constitutionnelle a annulé ce scrutin, en décembre, à la suite d’allégations d’ingérence russe, et de nouvelles élections sont prévues en mai dans un climat très tendu. Des dizaines de milliers de sympathisants de M. Georgescu sont descendus, ces dernières semaines, dans les rues, tandis que les autorités roumaines ont mis en garde contre « une série d’actions hybrides » de Moscou.
Elon Musk lui apporte son soutien
Soupçonné d’avoir bénéficié d’une campagne de soutien illicite sur la plateforme TikTok, le candidat d’extrême droite a été inculpé le 26 février pour fausses déclarations et incitation à troubler l’ordre constitutionnel.
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Son ascension surprise a suscité l’inquiétude au sein des alliés européens de la Roumanie, devenue un pilier essentiel de l’Alliance atlantique depuis le début de la guerre en Ukraine.
Mais M. Georgescu peut désormais compter sur le soutien d’une partie de la nouvelle administration américaine. « C’est de la folie ! », a réagi dimanche Elon Musk, proche conseiller du président Donald Trump, à l’annonce de la décision de la commission électorale, après déjà plusieurs commentaires similaires ces dernières semaines. Le vice-président américain, J. D. Vance, a lui aussi fustigé des autorités roumaines « annulant des élections dont elles n’aiment pas les résultats ». « Elles ont si peur de leur peuple qu’elles le font taire », a-t-il asséné.
Encouragés par de telles déclarations, les sympathisants du candidat d’extrême droite ont déployé ce week-end dans la capitale une banderole appelant au secours « le président Trump ». « Aidez-nous à récupérer notre pays ! », pouvait-on lire.