« Roman de plages », d’Arnaud Cathrine : un journal du littoral comme antidote à la mélancolie

Il s’agit de garder la tête hors de l’eau. De réapprendre à nager seul. Il y a huit mois, Anna a quitté Raphaël après vingt ans de vie commune. L’écrivain bientôt quinquagénaire peine à s’en remettre. La dépression l’a conduit à passer un trimestre dans une clinique ; une fois sorti, où aller ? Où habiter ? Anna est la propriétaire de l’appartement où ils ont vécu avec leur fille. La maison dont il a hérité à Préfailles (Loire-Atlantique) est peuplée de trop de fantômes – ceux de ses parents, morts huit ans plus tôt, celui de son couple – pour qu’il puisse se résoudre à investir d’emblée les lieux, alors qu’il se sent encore si fragile. Son éditeur lui suggère d’aller vagabonder au bord de la mer, là où Raphaël préfère écrire, même s’il n’est pas question de se lancer dans un grand projet mais de retrouver la force, l’élan, de tenir un journal. Et il subventionne le projet en lui signant un confortable à-valoir. De la mi-mai à la mi-août, Raphaël va donc passer plusieurs semaines dans différentes cités balnéaires. Soit, successivement, à La Grande-Motte (Hérault), Arcachon (Gironde), Benerville (Calvados) et, enfin, quand il y sera prêt, Préfailles. Dans chacune, il va tâcher de soigner sa mélancolie par des bains de mer, de lecture et d’altérité – car ces étapes sont jalonnées de rencontres inattendues.

Roman de plages, d’Arnaud Cathrine, est le récit d’une vitalité reconquise petit à petit, que restitue le journal de Raphaël, sans celer les rechutes de chagrin et de découragement. Premier roman « pour adultes » de l’auteur (qui écrit aussi pour la jeunesse) depuis Je ne retrouve personne (Verticales, 2013), il réunit les motifs et les thèmes qui traversent toute son œuvre : le mystère de l’amour et de la manière dont il prend fin ; l’articulation entre vulnérabilité et virilité ; l’adolescence – à travers le personnage de Loïs dont Raphaël fait la connaissance à Arcachon ; le secours que peuvent apporter les écrivains admirés, de Marguerite Duras à Françoise Sagan, de Jean-Luc Lagarce à Pier Paolo Pasolini en passant par Maggie Nelson, Jean Cocteau ou Chantal Thomas ; la force que procure par éclats la beauté du monde.

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