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Histoires Web vendredi, novembre 8
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Peu avant le coucher du soleil, des milliers de dévots ont afflué vers la Yamuna, la rivière sacrée qui traverse la capitale indienne : des femmes drapées dans des saris d’apparat et des hommes chargés d’énormes paniers débordant d’offrandes, de bananes, bougies, fleurs, encens et bâtons de canne à sucre. Jeudi 7 novembre marquait les célébrations de Chhath Puja, une grande fête hindoue de la communauté Purvanchali, originaire de l’Uttar Pradesh et du Bihar, au cours de laquelle les femmes, après un jeûne total de trente-six heures, s’immergent dans la rivière sacrée pour prier le dieu du soleil Surya.

Mais devant les rives de la Yamuna, les fidèles ont trouvé des filets empêchant l’accès à la rivière et des dizaines de policiers déployés pour diriger les dévots vers un bassin aménagé spécialement. La veille des célébrations, la Haute Cour de Delhi avait refusé de lever un arrêté de l’autorité de gestion des catastrophes, daté du 29 octobre 2021, qui interdit les rituels de Chhath Puja – prières, offrandes au soleil levant et couchant dans la Yamuna – en raison de sa pollution trop élevée. Depuis plusieurs jours, ses eaux ne sont plus qu’un épais amas de mousse blanche, formée par des rejets toxiques.

Le gouvernement de Delhi assure avoir réservé 1 000 emplacements sécurisés pour célébrer la cérémonie. Malgré ce dispositif et les appels à la prudence de la justice, les pèlerins en plusieurs endroits de la capitale ont réussi à rejoindre la Yamuna et plonger dans le cloaque pestilentiel. Les juges avaient pourtant imploré les fidèles de ne pas se baigner. « Vous devez comprendre que vous allez tomber malades ! », avait prévenu l’un des magistrats.

Couches d’écume toxique

La Yamuna, qui prend sa source dans le glacier de Yamunotri, dans l’Uttarakhand, dans le massif de l’Himalaya, et traverse sept Etats pour se jeter dans le Gange dans l’Uttar Pradesh, est l’une des rivières les plus polluées au monde. Elle charrie métaux lourds, arsenic, produits chimiques et autres matières fécales.

Delhi rejette des millions de litres d’eaux usées chaque jour dans la Yamuna, en grande partie non traitées, auxquels s’ajoutent les effluents industriels, à l’origine de la présence de détergents et composés phosphatés qui provoquent la formation de couches d’écume toxique à la surface.

Des fidèles hindous vénérant le dieu soleil dans les eaux polluées de la rivière Yamuna lors de la fête religieuse hindoue de Chhath Puja, par un matin de smog à New Delhi, le 8 novembre 2024.
Une femme se lave les cheveux dans la rivière Yamuna, polluée par des couches d’écume toxique, à New Delhi, le 5 novembre 2024.

Le dieu soleil, jeudi, était masqué sous un épais brouillard de particules fines. Depuis une semaine, la capitale indienne et tout le nord du pays, jusqu’au Pakistan, ont plongé dans la pollution extrême. L’indice de qualité de l’air (AQI), aux alentours de 400, atteint des niveaux considérés comme très dangereux pour la santé. Les hôpitaux voient affluer des habitants à bout de souffle.

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