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Parviendra-t-il à convaincre l’opposition de lui laisser sa chance, sans perdre le soutien du « socle commun » ? A deux jours de la déclaration de politique générale que François Bayrou doit prononcer mardi à l’Assemblée nationale, le gouvernement négocie avec la gauche – à l’exception de La France insoumise (LFI) – des mesures dans le budget pour éviter qu’elle ne vote la censure, comme elle l’avait fait avec Michel Barnier il y a un mois.

Le principal point de discussion porte sur des concessions autour de la réforme des retraites. La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a esquissé un pas à ce sujet dimanche 12 janvier. Sans se dire explicitement pour une « suspension » de la réforme de 2023, l’élue a estimé que cette dernière « n’[était] pas parfaite », et même « injuste », et qu’il « il y a beaucoup de sujets à discuter encore », que ce soit sur la pénibilité, les carrières longues ou les retraites des femmes.

« Moi ce qui me convient c’est qu’on rediscute. Après, s’il faut arrêter pour rediscuter avec un cycle très court de discussion, moi je n’y suis pas opposée par principe, mais ce que je veux dans ces cas-là, c’est que vraiment on soit d’accord pour mettre vraiment les choses sur la table pendant ces six mois de discussion et qu’on s’engage tous à discuter réellement », a dit Mme Braun-Pivet, invitée de « Questions politiques » sur France Inter.

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« C’est en train de bouger »

Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a affirmé, de son côté, attendre du premier ministre qu’il prononce lors de sa déclaration de politique générale le mot « suspension » de la réforme des retraites. « Au moment où nous nous parlons ce matin, le compte n’y est pas encore », a toutefois reconnu M. Faure sur BFM-TV, rappelant que les discussions sont toujours en cours avec l’exécutif et qu’il ne connaît pas encore les arbitrages de M. Bayrou. « En l’état, effectivement, nous censurerions, mais mon souhait personnel et celui des socialistes, ce n’est pas de chercher à censurer pour censurer », a-t-il affirmé.

Olivier Faure a toutefois précisé que le but du PS n’était pas de « tendre un piège au gouvernement », mais au contraire « de trouver les bonnes raisons pour que les Français se disent “oui, il y a eu une discussion, oui, ils ont réussi à trouver des compromis” ». « Nous voulons faire en sorte que nous ayons à la fois garanti notre système de retraites par répartition et que nous l’ayons fait en ne faisant pas reposer la charge du financement sur les plus précaires », a-t-il expliqué.

Interrogée sur RTL et Public Sénat, la cheffe de file des Ecologistes, Marine Tondelier, a fait écho aux déclarations du député de la Seine-et-Marne. « Des petits pas sont faits, c’est en train de bouger », a-t-elle dit, tout en prévenant : « Nous voulons un geste fort et ils doivent céder. »

« Aujourd’hui nous n’avons aucune raison de ne pas voter la censure », a-t-elle dit. « J’ai donné les conditions – des conditions nécessaires, mais non suffisantes – pour que nous ne votions pas la censure. La fin de l’application de la réforme des retraites et 7 milliards [au minimum] pour l’environnement. »

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Pour sa part, l’ancien président François Hollande a appelé sur France 3 à ouvrir une négociation « le plus tôt possible » avec les partenaires sociaux et à une suspension dans le même temps des « effets les plus négatifs » de la réforme des retraites, dont le recul de l’âge de départ de 62 à 64 ans.

Gérard Larcher monte au créneau

Samedi matin, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, avait affirmé « qu’aujourd’hui tout [était] sur la table ». « Toutes les demandes ont été entendues », mais « il faut trouver le chemin qui permette de ne pas dégrader les finances publiques et même de les améliorer », a-t-elle affirmé.

Pilier du « socle commun » sur lequel s’appuie François Bayrou, le président du Sénat, Gérard Larcher est, lui, monté au créneau samedi pour s’opposer fermement à toute concession sur les retraites. « Le message est clair : ni suspension ni abrogation ! », a déclaré le responsable des Républicains dans une interview au Parisien, tout en prévenant : « Participation [au gouvernement] ne veut pas dire renoncement. »

Interrogé sur ces déclarations, Olivier Faure a minimisé l’influence de la droite, qui ne dispose que de 47 députés : « Cela suppose qu’à un moment on arrête de tous s’enrhumer quand Gérard Larcher tousse », a-t-il affirmé.

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Le RN « laisse sa chance » à François Bayrou

Après une semaine d’intenses discussions à Bercy avec les responsables politiques de l’opposition, les ministres Eric Lombard (économie), Amélie de Montchalin (comptes publics) et Catherine Vautrin (santé et travail) ont été reçus samedi à Matignon pour présenter la synthèse de leurs travaux au premier ministre.

Rien n’a filtré de ces discussions, mais à gauche comme au sein de la majorité, certains s’attendent à un geste en direction des socialistes, des écologistes et des communistes afin de parvenir à un accord de non-censure. Le principal groupe macroniste à l’Assemblée, Ensemble pour la République, a lui fait savoir vendredi qu’il était « contre une suspension sèche à ce stade ».

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La France insoumise, qui a refusé d’entrer dans ces négociations, a d’ores et déjà annoncé une motion de censure, qui sera examinée jeudi ou vendredi. Si cette motion a peu de chances d’être adoptée, le Rassemblement national (RN) ayant pour l’instant décider de « laisser sa chance au produit » Bayrou, ce sera l’occasion pour le premier ministre d’évaluer l’ampleur de ses éventuels soutiens à gauche.

D’ici-là, les échanges vont se poursuivre. Au-delà de la question des retraites, les sujets fiscaux et les dépenses publiques vont continuer de nourrir les négociations entre le gouvernement et le Parlement. Le Sénat doit ainsi reprendre ses débats sur le budget de l’Etat dès mercredi, jusqu’à la fin de la semaine, avant l’éventuelle convocation d’une commission mixte paritaire pour accorder les points de vue du Sénat et de l’Assemblée.

Le Monde avec AFP

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