Les syndicats et le patronat ont désormais toutes les données de l’équation en main. Jeudi 20 février, ils ont pris connaissance d’un rapport de la Cour des comptes sur la santé financière des caisses de retraite, qui va servir de base à leurs négociations pour faire évoluer notre système par répartition. Ce diagnostic très détaillé montre que les « perspectives » sont « préoccupantes » : en l’absence de toute nouvelle mesure, le déficit des régimes de pension pourrait atteindre de 14 milliards à 15 milliards d’euros en 2035, puis de 25 à 32 milliards d’euros, dix ans après. La branche vieillesse va, par conséquent, être confrontée à d’importants besoins en crédits dont l’ampleur pourrait être encore plus grande si la réforme de 2023, qui a repoussé de 62 à 64 ans l’âge légal de départ, était remise en question, comme le réclament les organisations de salariés.
Présenté vingt-quatre heures après la date initialement prévue, à cause d’un changement d’agenda imposé par Matignon, l’audit de la Cour des comptes répond à une commande de François Bayrou. Constatant que la question des retraites « continue de tarauder notre pays », le premier ministre a proposé aux partenaires sociaux d’« améliorer » la loi du 14 avril 2023, qui a donc décalé de deux ans l’âge d’ouverture des droits à une pension. Pour que cet exercice s’appuie sur des éléments « incontestables », il a saisi, dans la deuxième quinzaine de janvier, les magistrats de la Rue Cambon, à Paris. Les conclusions de cette mission flash ne recèlent pas d’énormes surprises puisqu’elles convergent, assez largement, avec celles du dernier rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR), rendu en juin 2024.
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